New York (awp/afp) - Trois ans après la catastrophe minière de Brumadinho, l'autorité américaine des marchés financiers (SEC) a engagé des poursuites contre l'entreprise brésilienne Vale pour avoir menti sur la sécurité du site et avoir fait perdre de l'argent aux investisseurs.

Début 2019, la rupture du barrage d'une retenue de déchets miniers avait libéré des millions de tonnes de résidus de minerai qui avaient englouti 270 personnes et toute une région, provoquant un désastre majeur pour la faune et la flore.

La catastrophe a aussi conduit à une baisse de la valeur en Bourse de Vale, le plus gros producteur de minerai de fer au monde, de 4 milliards de dollars, remarque la SEC dans un communiqué.

L'agence se repose sur le travail d'un groupe constitué en 2021 avec comme mission d'identifier les manquements dans les informations sur l'environnement, les problématiques sociales et de gouvernance (ESG).

Selon la plainte de l'autorité, Vale a, à partir de 2016, manipulé des audits sur la sécurité du barrage, obtenu des certificats frauduleux sur sa stabilité, et a régulièrement induit en erreur les autorités locales, les habitants et les investisseurs.

Le groupe a notamment menti dans ses rapports sur le développement durable et d'autres documents financiers, affirmant qu'il respectait les pratiques les plus strictes pour évaluer la sécurité de ses sites.

"De nombreux investisseurs s'appuient sur les informations ESG telles que celles contenues dans les rapports annuels sur le développement durable de Vale et d'autres documents publics pour prendre des décisions d'investissement éclairées", a souligné un responsable de la SEC, Gurbir Grewal, dans le communiqué.

En manipulant ces informations, Vale "a sapé la capacité des investisseurs à évaluer les risques" liés à l'entreprise, a-t-il ajouté.

La SEC intervient car Vale a levé de l'argent sur le marché obligataire américain et est coté à Wall Street via des ADS, des titres attribués aux entreprises étrangères désireuses d'accéder à la Bourse de New York.

Ces actions ont perdu plus de 25% dans le sillage de la catastrophe tandis que les agences de notation ont placé la note des obligations de Vale dans la catégorie des investissements spéculatifs, remarque la SEC dans sa plainte.

Elle demande le remboursement de "gains mal acquis" et des pénalités, sans préciser de montant.

Le conglomérat a accepté en février de verser plus de 7 milliards de dollars de dommages "sociaux et environnementaux" au Brésil.

La catastrophe avait plombé les comptes du groupe en 2019. Depuis, Vale affiche une bonne santé, porté par l'envolée des cours du minerai de fer sous l'effet de la forte demande de Chine.

afp/rp