Vallourec cède 7,8% à 2,19 euros après avoir atteint en début de matinée 1,75 euro, soit son plus bas niveau depuis un an. Le fabricant de tubes sans soudure en acier destinés à l'industrie pétrolière a pris le marché de court en annonçant hier soir une augmentation de capital de 800 millions d'euros. Ce montant représente environ un bond de 75% des actions en circulation en se basant sur le cours de clôture de mercredi. Ce matin, Jefferies s'est dit surpris par le timing de l'opération alors que le covenant bancaire est respecté et que le groupe ne cessait depuis un an d'écarter l'hypothèse.

De plus, le ciel continue de s'éclaircir pour l'ex-fleuron français au prix, il est vrai d'une restructuration drastique en Allemagne et au Brésil.

En 2019, sa perte nette s'est réduite, passant de 502 à 338 millions. Surtout, son résultat brut d'exploitation, l'indicateur de référence, a plus que doublé à 347 millions tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 6% à 4,7 milliards.

Pour l'exercice en cours, Vallourec affiche de plus une certaine confiance dans un environnement particulièrement incertain. Il table en effet sur un résultat brut d'exploitation de 500 millions d'euros, soit 7% au dessus du consensus, et un flux de trésorerie disponible légèrement positif.

En réalité, le problème se loge dans le bilan. L'an dernier, la dette n'a pas reculé d'un iota à 2 milliards d'euros. En outre, le groupe continue de consommer plus de cash qu'il n'en gagne (-41 millions de flux de trésorerie disponible à fin 2019).

Pour Vallourec, c'est bien cette fragilité du bilan qui empêche le titre d'amorcer une solide "recovery".

Le timing de l'opération, qui a surpris Jefferies, pourrait s'expliquer aussi par une question de gouvernance.

Après 11 ans à la tête du groupe, Philippe Crouzet passera le mois prochain le flambeau à Edouard Guinotte. Ce pur produit de la maison préfère sans doute débuter ses nouvelles fonctions avec une pression financière moins étouffante (le ratio du groupe passera de 5,9 en 2019 à 2,8 post-opération).

Et puis, le nouveau patron peut compter sur ses créanciers, qui ont renouvelé leurs lignes de crédit pour 800 millions, et étendu leur maturité de 2021 à 2025.

Vallourec peut aussi, une nouvelle fois, compter sur le soutien de l'Etat qui redoute un plan de restructuration en France.

Comme en 2016, l'Etat, actionnaire à hauteur de 14,6 % via Bpifrance participera intégralement la levée de fonds. L'autre actionnaire de référence de Vallourec, Nippon Steel, ne suivra que partiellement : sa part passera de 14,6 % à 10 %.

Selon Jefferies, en considérant une décote de 10% à 20% sur le cours de clôture d'hier, les nouvelles actions pourraient être vendues entre 2,27 euros et 2,15 euros, soit à un prix encore plus bas que le cours de ce soir.

Si cette levée de fonds étonne Jefferies (qui reste à Conserver) et ne convainc guère UBS (qui reste à Vendre), elle séduit logiquement Standard & Poors.

L'agence de notation a réitéré sa note B- mais abandonné sa perspective négative. La note est désormais placée sous surveillance avec implications positives. Un bon signe espèrent sans doute les actionnaires...