Paris (awp/afp) - Veolia et Suez, en conflit depuis que le premier a entrepris d'absorber le second, devraient commencer à se parler "très, très prochainement", a dit mercredi à l'AFP Philippe Varin, le président du conseil d'administration de Suez.

Alors que la justice a débouté mercredi les syndicats de Suez, qui réclamaient à Veolia la consultation des instances représentatives, le patron du groupe assiégé met en garde contre un "risque de pourrissement" de la situation.

Question: Que vous inspire la décision du tribunal de Nanterre? Est-ce un vrai coup dur pour Suez?

Réponse: Le tribunal de Nanterre a pris une décision en contradiction avec quatre décisions de justice précédentes. C'est un épisode surprenant, qui donne une bonne idée aussi de ce que peut être l'aléa judiciaire.

Les CSE de Suez vont interjeter appel, au motif que le projet de Veolia est une opération globale, d'ampleur inégalée et avec des conséquences pour l'ensemble des entités du groupe. Cela rend cette consultation vraiment légitime.

Q: Quelles conséquences en tirez-vous?

R: Il y a six procédures judiciaires en cours. Cette affaire montre qu'avec tous les rebondissements et aléas possibles, pour Veolia comme pour Suez, c'est une impasse qui se profile, avec un risque d'enlisement et de pourrissement qui pourrait être inacceptable. Je sens que ces aléas commencent à induire un vrai rejet de la part du corps social. Nous devons éviter cet enlisement.

Il y a un point très important: le tribunal a fondé sa décision [de mercredi] sur l'engagement d'amicalité pris par Veolia. (...) Ça va donc être le moment pour Veolia de passer des discours aux preuves. Nous, depuis le 5 octobre [et le rachat de 29,9% des titres de Suez par Veolia à Engie], nous avons travaillé [pour trouver] une solution, encore à construire, avec des ingrédients amiables, sur la base de notre stratégie [industrielle] +Suez 2030+, soutenue par le consortium Ardian-GIP qui peut financer ces solutions et de manière amicale.

Ce qu'on souhaite, c'est être dans le schéma, d'ailleurs évoqué par le ministre [de l'Économie Bruno Le Maire], d'avoir deux groupes français indépendants leaders des services à l'environnement, pas d'impact social et une cohérence avec notre stratégie. Dans cette situation, nous sommes déterminés à trouver cette solution à l'amiable. La gouvernance de notre société d'ailleurs a été renforcée avec l'arrivée de quatre membres, ce conseil est déterminé, renforcé, et unanime.

Q: Où en êtes-vous justement d'une reprise de dialogue? Y a-t-il un terrain d'entente possible entre Veolia qui veut dialoguer sur la base de son projet de rapprochement et vous sur celle de deux groupes séparés?

R: Normalement nous allons [entamer] ces discussions très, très prochainement. Il y a eu un peu de travail préparatoire. Le président de Veolia [Antoine Frérot] veut comme base de départ une discussion à partir de son offre. Nous avons une approche plus flexible. Nous disons juste que le principe qui va nous guider est de renforcer notre stratégie, qui nous pousse vers un Suez plus agile, plus technologique. Mais effectivement ceci suppose qu'on puisse discuter de tout cela avec Veolia. En même temps on va être très pragmatique: l'an dernier (avant le projet d'OPA, NDLR) nous avons vendu la société Osis à Veolia; c'était dans la logique de +Suez 2030+, de désinvestissement de certains actifs pour réinvestir dans d'autres. Dans ce cadre on va tout faire pour trouver des domaines d'entente.

afp/rp