ajoute réaction des actionnaires salariés

PARIS (awp/afp) - La stratégie de Suez pour contrer l'OPA de Veolia "porte atteinte" à plusieurs principes de fonctionnement des marchés, dont l'obligation de transparence et de loyauté dans les transactions, a estimé vendredi l'Autorité des marchés financiers (AMF), ce que conteste la société.

"La recherche d'une solution négociée entre les parties est tout à fait légitime mais elle doit respecter les principes de transparence et d'intégrité du marché, de loyauté dans les transactions et la compétition, ainsi que du libre jeu des offres et de leurs surenchères", souligne l'AMF, dans ce rappel des règles sans autre conséquence dans l'immédiat.

Mais pour Suez, la prise de position de l'AMF est "incompréhensible, favorisant une nouvelle fois Veolia", a estimé le groupe.

"Depuis le début, l'AMF prend systématiquement partie en faveur de Veolia, en acceptant l'entrée au capital de Suez sans contraintes, en acceptant le renoncement à l'amicalité de Veolia et, aujourd'hui, en renonçant à la possibilité pour les actionnaires de Suez de bénéficier d'une meilleure valorisation", a renchéri Guillaume Thivolle, président de l'Association des salariés actionnaires du groupe Suez (Asas), qui représente les intérêts de quelque 50.000 actionnaires salariés et 5,6% du capital, dans un communiqué.

L'AMF, dans son communiqué, pointe notamment du doigt la décision de Suez d'activer une fondation de droit néerlandais, créée pour chapeauter ses actifs Eau France et en empêcher la cession.

Suez s'est engagé à désactiver cette structure si Veolia relève son offre d'achat à 22,50 euros l'action (au lieu de 18 euros aujourd'hui) ou transfère une part importante d'actifs au consortium de fonds Ardian et GIP, partenaires de Suez. Des conditions trop restrictives, selon l'AMF.

Le gendarme des marchés évoque aussi l'annonce par Ardian-GIP selon laquelle "le consortium pourrait considérer le dépôt d'une offre publique sur l'intégralité du capital de Suez", à 20 euros l'action.

"Une telle information diffusée, alors que Suez est en période d'offre, ne contribue pas à la bonne information des investisseurs", déplore l'AMF.

"L'AMF considère (...) que les modifications que la société Suez a apportées au dispositif de la fondation de droit néerlandais, combinées au soutien à la proposition du consortium Ardian-GIP négociée par le conseil d'administration, portent atteinte à ces règles et principes directeurs que l'AMF a pour mission de faire respecter", conclut l'Autorité.

Mais pour Suez cette déclaration "intervient au terme d'un processus décisionnel inacceptable car ne respectant pas les droits les plus élémentaires de Suez et de ses parties prenantes".

"Elle repose sur une analyse gravement erronée de la situation et s'inscrit de surcroît en totale contradiction avec la Loi Florange qui autorise la mise en oeuvre de mesures de défense conformes à l'intérêt social contre une offre publique hostile", ajoute le groupe.

Assemblée générale à venir

Le groupe de traitement de l'eau et des déchets tente d'échapper à son rival Veolia, qui a déjà acquis 29,9% de ses parts auprès d'Engie et déposé une OPA hostile sur les actions restantes.

Veolia propose de maintenir un Suez France, dont il céderait tous les actifs nationaux au fonds Méridiam. Mais cette solution ne satisfait pas la direction de Suez, qui cherche, avec Ardian et GIP, à conserver les activités "Eau et Technologie" à l'international.

Quand Veolia vante la construction d'"un grand champion mondial" du secteur, Suez met en avant le besoin d'"agilité" des entreprises et son propre plan stratégique de développement.

Suez a donné à Veolia jusqu'au 20 avril pour trouver un accord à partir de ses propositions, et dans l'intervalle poursuit les cessions/acquisitions prévues dans le cadre de sa stratégie à 2030.

Suez a ainsi annoncé jeudi, dans une information réglementée sur son site internet, être parvenu à un accord préliminaire avec l'australien Cleanaway pour lui céder des actifs dans les déchets en Australie.

Veolia a de son côté mis en garde contre des ventes d'activités stratégiques, accusant la direction de Suez de vouloir dépecer le groupe, et a déposé un recours au tribunal de commerce de Nanterre contre de telles cessions. Une audience est prévue mardi.

Faute d'accord à l'amiable, il devrait revenir aux actionnaires de Suez d'arbitrer le duel, à la prochaine assemblée générale, attendue d'ici la fin juin.

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