Le champion français de l'eau et des déchets affiche un flegme britannique face aux manœuvres de Suez pour torpiller son offensive. Hier matin, Suez confirmait son intention de vendre ses activités australiennes, qui plaisent tant à Veolia, à moins que ce dernier n'accepte sa propre proposition. Ce matin, le numéro un mondial du secteur a répondu, comme d'habitude point par point, aux contradictions inhérentes de cette transaction.

Veolia rappelle que ces actifs ont été pourtant clairement identifiés comme stratégiques dès l'annonce de son projet industriel et dans l'offre déposée à l'AMF le 8 février dernier.

Le groupe d'Antoine Frérot fait surtout remarquer que cette nouvelle cession, qui réduirait mécaniquement le périmètre des activités destinées à le rejoindre, est manifestement incompatible avec l'objectif prétendument recherché par Suez de mieux valoriser l'entreprise et de parvenir rapidement à un accord.

Selon Veolia, elle constitue un obstacle supplémentaire pour la réalisation de sa propre offre, aggravant de fait un mécanisme de défense pourtant jugé contraire aux règles et principes directeurs applicables aux offres publiques par l'AMF.

Pour le groupe, elle participe de la même stratégie, visant d'une part à faire croire à l'existence d'alternatives crédibles, sur la base d'accords soumis à tant de conditions qu'ils en deviennent artificiels, et d'autre part de permettre à Suez d'imposer à Veolia les termes de son offre publique.

D'après Veolia, cette opération de cession se fait par ailleurs à des conditions contraires à l'intérêt social de Suez, qui se prive d'un actif rentable dans une région attractive, et aux intérêts de ses actionnaires, la cession ne pouvant qu'impacter négativement l'offre de Veolia.

Pour ce dernier, cette vente, dont la réversibilité est surprenante et irrégulière, puisque il devrait, pour ce faire, rentrer dans le cadre fixé par le conseil d'administration de Suez le 21 mars 2021, et qui a été dénoncé par l'AMF, contient une seule disposition certaine, à savoir le transfert à Cleanaway d'un certain nombre d'actifs significatifs et très rentables, sans la moindre mise en concurrence, et à un prix bradé de 501 millions de dollars australiens (6,8 fois l'Ebitda normalisé publié par Cleanaway).

Dans ce cadre, Veolia continue à mettre en œuvre tous les moyens de droit pour empêcher la cession de ces actifs stratégiques et pour, le cas échéant, les faire annuler. Elle se réserve par ailleurs le droit de demander une expertise de gestion sur cet accord anormalement avantageux pour un opérateur étranger concurrent de Suez et de Veolia.

Malgré le jusqu'au-boutisme de la direction de Suez, qui continue à recourir à des procédés qui n'ont ni sens industriel, ni sens financier, et ce en dépit du rappel à l'ordre de l'AMF et de la main tendue par Veolia, le groupe continue à proposer à Suez de discuter sereinement de son projet, et dans cet objectif de cesser son propre démantèlement et de désactiver la fondation néerlandaise.

Valeurs citées dans l'article : Veolia Environnement, Suez