Paris (awp/afp) - Veolia a affiché jeudi une activité en expansion de 44% à près de 10 milliards d'euros (un peu plus en francs suisses) au premier trimestre après avoir absorbé en grande partie Suez à la mi-janvier, et s'est voulu confiant en dépit du "contexte économique et géopolitique actuel".

A périmètre et changes constants, le géant des services à l'environnement (eau, déchets, énergie) a réalisé 9,935 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur trois mois, en augmentation de 14,7% grâce en partie à la hausse des prix de l'énergie, que Veolia répercute sur ses clients.

Hors renchérissement de l'énergie, le chiffre d'affaires augmente encore de 7,1%, au-delà de sa croissance habituelle, a souligné jeudi le PDG Antoine Frérot, qui présentait ses derniers résultats trimestriels avant de céder les rênes du groupe le 1er juillet à Estelle Brachlianoff.

Le résultat d'exploitation (Ebit courant) est à 692 millions, en hausse de 18%, grâce à "une dynamique commerciale forte" et des économies (108 millions dont 21 de synergies liées au rachat de Suez).

"L'année a très bien commencé pour le nouveau Veolia, malgré les effets de la guerre en Ukraine sur l'économie mondiale" et les restrictions liées au Covid en Chine qui commencent à faire sentir leur impact, a-t-il dit aux journalistes.

Pour 2022, Veolia prévoit toujours "une solide croissance" des ventes, et un bénéfice net autour de 1,1 milliard d'euros, en hausse de 20%.

L'inflation notamment pour l'achat d'énergie a peu d'impact sur sa rentabilité, 70% des contrats étant indexés sur les prix, explique-t-on.

Et pour les autres, qui concernent surtout les déchets industriels, "l'objectif est de monter en gamme le niveau de nos services pour nous différencier et augmenter nos prix en fonction de l'inflation, et c'est ce qui s'est passé ce premier trimestre", indique Antoine Frérot.

"A court terme", Veolia compte économiser de l'énergie "en opérant mieux les incinérateurs, les cogénérateurs, via de nouveaux outils digitaux", selon le directeur financier Claude Laruelle.

Et d'ici deux à trois ans, le groupe veut accroître sa propre production de biogaz, en "équipant le plus possible" notamment les stations d'épuration pour récupérer ce gaz renouvelable.

Passage de témoin

Dans l'immédiat aussi, l'intégration des 60% d'actifs rachetés à Suez après une retentissante OPA se poursuit.

L'opération a fait passer Veolia de 180'000 à 230'000 salariés, et l'activité s'en est trouvé beaucoup renforcée en Espagne, Amériques, Australie.

Un "nouveau Suez" indépendant a été maintenu, mais essentiellement recentré sur ses actifs hexagonaux que le rival n'a pu acquérir pour cause de lois anti-trust.

Pour Antoine Frérot, l'intégration des nouveaux actifs "progresse très bien", et le PDG assure de "la facilité avec laquelle les équipes travaillent très bien ensemble".

Répondant aux demandes des autorités de la concurrence, Veolia a dû revendre en Europe des entités dans l'eau (ses unités mobiles de dépannage) et les déchets dangereux, ainsi qu'en Australie.

Pour compléter l'opération, il attend encore, d'ici la mi-juillet, le verdict de l'autorité de la concurrence britannique.

Fin juin, Antoine Frérot, au terme de 12 ans à la tête du groupe, en cédera la direction générale, gardant la présidence.

Celle qu'il a choisie, l'actuelle directrice générale adjointe chargée des opérations, Estelle Brachlianoff, "a toute ma confiance pour conduire cette nouvelle étape, elle aura tout mon soutien", a-t-il redit jeudi, sans se livrer outre-mesure sur ses propres sentiments à l'occasion de ce passage de témoin.

"Notre champion de la transformation écologique est sur les rails. C'est une satisfaction que ce projet dote la France d'un formidable outil industriel à un moment où l'enjeu essentiel est de trouver des solutions à l'urgence écologique, accessibles économiquement à ceux qui en ont besoin", répond-il.

afp/jh