Paris (awp/afp) - Veolia, en pleine bataille pour conquérir son rival Suez, a renoué avec les bénéfices au 3e trimestre, confiant pour la suite malgré l'opposition véhémente opposée par sa cible et malgré la crise sanitaire mondiale.

Le géant français de l'eau et des déchets a vu son bénéfice net courant croître de 6,2% à 142 millions d'euros sur ces trois mois, après un premier semestre dans le rouge sous l'effet de la pandémie de coronavirus.

Son chiffre d'affaires courant est à 6,3 milliards d'euros, en repli de 2,3%, du fait d'une variation de périmètre et d'effets de changes. Sur les neuf premiers mois de l'année, il atteint 18,7 milliards (-5,4%).

Porté par un plan d'économies accrues, "le rebond entamé dès le mois de juin s'est amplifié au cours de l'été et a permis de réaliser un très bon troisième trimestre", a dit son PDG Antoine Frérot lors d'un point presse téléphonique. Ce qui permet d'envisager "une performance opérationnelle au 4e trimestre 2020 équivalente à celle du 4e trimestre 2019".

Le plan de réduction des coûts généraux, administratifs, commerciaux... a permis de générer 395 millions d'euros d'économies sur neuf mois, tout en maintenant les investissements.

Veolia constate aussi que la situation continue de s'améliorer en Amérique latine, et qu'elle est "normale" en Asie. Quant à l'Europe, les reconfinements ont des impacts moindres que les mesures du printemps, souligne le dirigeant.

Cette fois-ci, "les chantiers sont ouverts, les collectivités maintiennent les travaux de maintenance, les usines sont ouvertes. Le seul impact que nous anticipons sera celui de la fermeture des commerces, et donc un peu moins de déchets" à gérer de leur part, a-t-il expliqué.

En France par exemple, sur quelque 50.000 salariés, tous sont mobilisés, selon le groupe. Au printemps en revanche, 15.000 agents de terrain avaient dû cesser le travail.

Dans les mois qui viennent, Veolia prévoit l'entrée en service de plusieurs installations qui alimenteront sa croissance: traitement de déchets toxiques en Chine et à Singapour, recyclage de plastiques PET au Japon, recyclage de batteries en France...

Quant au contexte international, mouvant du côté du Brexit, Veolia se dit serein car il fournit des services, impliquant des métiers locaux. Et aux Etats-Unis, plus que l'élection présidentielle, c'est l'influence des cours du pétrole qui peut jouer, avec un impact notamment sur son activité de recyclage des produits de traitement des raffineries, explique-t-on.

Suez dit toujours "non"

L'autre préoccupation du numéro un mondial du secteur est son projet d'acquisition du rival Suez, dont il a déjà acheté 29,9% à l'énergéticien Engie le 5 octobre. Pour cela, Veolia a émis le 14 octobre 2 milliards d'euros de dette hybride.

Le groupe, lors d'une conférence de presse mardi, a redit son intention de déposer une OPA sur le reste des actions, dès obtention d'un "accord de rapprochement" avec le conseil d'administration de Suez.

Mais jeudi le président de Suez a répondu de nouveau non.

"Vos menaces par voie de courrier, de communiqués, d'interviews sont incompatibles avec l'engagement public d'+amicalité+ que vous aviez souscrit", écrit Philippe Varin à Antoine Frérot, accusé de "mépris".

Il assure n'avoir reçu aucune "offre ferme, détaillée et complète" sur le contenu du projet.

Concernant la fondation de droit néerlandais créée par Suez en septembre pour barrer la vente de son activité Eau France, "nous ne pouvons donc donner suite à votre demande de +déconstruction volontaire+ d'un mécanisme tout à fait légitime", ajoute M. Varin. "Le conseil d'administration, uni et déterminé, continue à explorer toutes les options dans l'intérêt de la société", assure-t-il encore.

M. Frérot, lui, "encourage les actionnaires de Suez à faire pression sur le conseil d'administration, et s'ils n'y parviennent pas, à demander une assemblée générale pour se prononcer sur le projet de rapprochement", a-t-il redit jeudi en marge de la présentation des résultats.

Les deux parties sont attendues devant la cour d'appel de Paris jeudi: début octobre la justice avait ordonné en référé la suspension des effets de la vente des titres d'Engie, obligeant à consulter les représentants du personnel de Suez.

afp/jh