Paris (awp/afp) - Le numéro un mondial du traitement de l'eau et des déchets Veolia, "en phase de finalisation" du rachat d'une partie de son concurrent Suez, a retrouvé au premier trimestre un rythme de croissance d'avant la crise sanitaire.

A l'occasion de l'annonce des résultats, son PDG Antoine Frérot a présenté aux investisseurs son plan de financement de cette opération à 13 milliards d'euros qui tient en haleine la place de Paris depuis août.

Outre le produit des cessions des actifs de Suez non repris, il a évoqué sur BFM Business "une augmentation de capital entre 2 et 2,5 milliards d'euros", qui n'est pas "encore tout à fait calée".

Le PDG s'estime conforté par les résultats du groupe, qui "démarre 2021 sur les chapeaux de roue", "dans un contexte encore difficile au niveau mondial".

Sur les trois premiers mois de l'année, Veolia a engrangé 6,8 milliards d'euros de revenus, en hausse de 2% par rapport à 2020 et de 0,3% par rapport à 2019. Le bénéfice net atteint 188 millions, à +54,7% par rapport à 2020 et en léger recul par rapport à 2019.

Le groupe observe notamment une reprise du volume des déchets, et des prix des matières recyclées (le carton notamment, porté par le commerce en ligne).

Veolia a aussi "choisi de ne pas sacrifier le prix de (ses) services pendant la crise", a expliqué M. Frérot, évoquant en outre ses plans d'économies (350 millions pour 2021, sans toucher aux investissements).

Le groupe a signé de nouveaux contrats dans l'eau en France (Cholet, Colmar), dans l'énergie en Europe de l'Est (Prague, Budapest). Son activité progresse de 12% en Chine, grâce au traitement des déchets dangereux.

Ces résultats "nous rendent très optimistes pour 2021", a déclaré le dirigeant à des journalistes, alors que l'entreprise doit formaliser d'ici le 14 mai un accord lui permettant d'absorber une grande partie de Suez.

'La négociation est derrière nous'

"Le 11 avril, Suez et Veolia sont parvenus à un accord historique. Le temps de la négociation est derrière nous, nous sommes désormais dans une phase de finalisation de l'accord, qui va courir jusqu'au 14 mai", a-t-il dit.

Après plus de sept mois de conflit ouvert, les dirigeants des deux groupes se sont entendus pour que Veolia absorbe une bonne part de Suez, passant de 27 à 37 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

L'entente prévoit le maintien d'un Suez indépendant pesant près de 7 milliards d'euros, soit moins de la moitié du groupe actuel, avec des activités surtout concentrées sur la France.

Au menu des discussions en cours, la définition des grandes lignes de l'actionnariat de ce nouveau Suez, mais aussi le "prix indicatif" que ces actionnaires proposeront à Veolia pour ces actifs.

Les actionnaires pressentis du nouveau Suez sont connus: les fonds américain GIP et français Meridiam ainsi que, dans une moindre proportion, la Caisse des dépôts, auxquels s'ajouteront les actionnaires salariés.

"Ils sont aussi en train de négocier la gouvernance", ajoute M. Frérot.

Parmi les autres clauses à formaliser: "le fait que le conseil d'administration de Suez recommandera notre OPA, et que les deux parties se désistent de toutes les instances juridiques et judiciaires", a-t-il ajouté.

Verra-t-on in fine une poignée de mains en public?

"Vous savez, nous nous sommes déjà serré la main le 11 avril au soir!" a répondu le PDG. Mais "au-delà des symboles (...) c'est l'accord des deux conseils d'administration qui permet de sceller concrètement l'accord entre les deux directions".

Le patron de Veolia espère le feu vert des diverses autorités de la concurrence, "durant l'été". Certaines, dont l'américaine, ont déjà donné leur accord, a-t-il dit.

L'OPA de Veolia sur Suez pourrait ainsi aboutir au troisième trimestre, avec cession simultanée des actifs du "nouveau Suez" à son actionnariat. Viendra ensuite le temps de "l'intégration équitable des équipes de Suez" au sein de Veolia, a noté M. Frérot.

afp/rp