New York (awp/afp) - Les opérateurs de téléphonie mobile AT&T et Verizon vont finalement retarder temporairement le déploiement de la 5G autour de "certains aéroports" aux États-Unis afin d'éviter le potentiel "chaos" craint par les acteurs du transport aérien.

AT&T et Verizon devaient activer cette nouvelle technologie d'internet mobile ultra rapide dans l'ensemble du pays ce mercredi.

Mais l'autorité américaine de l'aviation, la FAA, s'inquiète de possibles interférences entre les fréquences utilisées par la 5G et celles utilisées par des instruments de bord essentiels à l'atterrissage des avions dans certaines conditions, et a exigé des ajustements.

La FAA a pour l'instant validé l'utilisation de certains modèles radio-altimètres et donné son aval pour 48 des 88 aéroports américains les plus directement affectés par les risques d'interférences, imposant donc encore des restrictions dans certains cas.

Les patrons de dix sociétés de transport aérien avaient appelé lundi les autorités à intervenir "immédiatement" afin d'empêcher "une importante perturbation opérationnelle" du trafic.

Sur une journée comme dimanche, "plus de 1.100 vols et 100.000 passagers seraient sujets à des annulations, détours, ou retards" en raison du déploiement de la 5G, avaient-ils averti dans une lettre consultée par l'AFP.

Dans ce contexte, AT&T et Verizon, qui ont déjà repoussé à plusieurs reprises le déploiement de cette technologie depuis décembre, ont accepté de différer temporairement l'activation de tours de téléphonie mobile autour de certaines pistes d'aéroports, tout en maintenant le lancement de la 5G dans le reste du pays.

La FAA s'attend à ce que cela réduise le gros des annulations et retards redoutés par les compagnies mais anticipe toujours certaines conséquences en raison des limitations liées à certains radio-altimètres, selon des responsables du secteur.

Frustration ___

Joe Biden a remercié dans un communiqué les deux opérateurs pour cette décision, qui évite selon lui de perturber le trafic aérien tout en permettant l'activation de l'immense majorité des tours de téléphonie mobile pour la 5G, élément essentiel pour la compétitivité du pays.

Les experts de la Maison Blanche vont continuer à travailler "sans relâche" avec les opérateurs téléphoniques, les compagnies aériennes et les avionneurs afin "de parvenir à une solution permanente et fonctionnelle autour de ces aéroports clés", a-t-il assuré.

Les deux opérateurs regrettent que les autorités aient mis autant de temps à réagir à ce déploiement de la 5G, prévu depuis au moins deux ans.

La FAA et les compagnies aériennes du pays "n'ont pas été capables de résoudre la problématique de la 5G autour des aéroports alors même qu'elle a été déployée de façon sûre et efficace dans plus de 40 autres pays", a souligné un porte-parole de Verizon dans un message transmis à l'AFP.

"Nous sommes frustrés par l'incapacité de la FAA à faire ce que près de 40 pays ont fait, à savoir déployer en toute sécurité la technologie 5G sans perturber les services aériens", a abondé AT&T dans un message séparé.

La question des conséquences du déploiement de la 5G aux Etats-Unis a commencé à prendre de l'ampleur en novembre, après la publication par la FAA d'un bulletin spécial demandant aux entreprises concernées de transmettre des informations spécifiques sur les radio-altimètres. Ce radar qui mesure la distance séparant l'avion du sol est essentiel aux instruments de nuit notamment pour atterrir ou en cas de mauvaise visibilité.

Certaines fréquences attribuées pour plusieurs dizaines de milliards de dollars début 2021 à AT&T et Verizon pour le déploiement de leur 5G, qui vont de 3,7 à 3,98 gigahertz (GHz), sont en effet proches de celles utilisées par les radio-altimètres, qui fonctionnent dans le spectre des 4,2 à 4,4 GHz.

S'il n'y a pas de risque d'interférence directe entre les fréquences, la puissance d'émission des antennes 5G ou une partie des émissions dirigée vers le haut pourrait poser problème à certains altimètres.

Les avionneurs Airbus et Boeing avaient eux aussi alerté les autorités américaines en décembre sur ces "interférences potentielles", les Etats-Unis ayant par exemple choisi des fréquences plus proches de celles des radio-altimètres qu'en Europe ou en Corée du Sud.

Pour la présidente de l'agence américaine en charge des télécoms (FCC), Jessica Rosenworcel, le déploiement de la 5G "peut coexister en toute sécurité avec les technologies de l'aéronautique aux États-Unis",

Il est désormais "essentiel" que la FAA termine son évaluation et résolve tous les préoccupations encore en suspens "avec soin et rapidité", a-t-elle estimé dans un communiqué.

afp/rp