(Actualisé avec citations,)

WASHINGTON, 13 octobre (Reuters) - Verizon Communications se réserve la possibilité de renoncer à son offre d'achat de 4,83 milliards de dollars (4,4 milliards d'euros) sur Yahoo à la suite du piratage massif dont a été victime le groupe internet, a annoncé jeudi l'opérateur télécoms.

Verizon peut raisonnablement penser que le piratage d'au moins 500 millions de comptes email révélé par Yahoo en septembre aura un "impact matériel" lui permettant de retirer son offre, a déclaré son directeur juridique Craig Silliman.

"Je pense que nous avons de bonnes raisons de croire que l'impact sera matériel (...) S'ils (Yahoo) pensent que ce n'est pas le cas, alors il faudra qu'ils nous le démontrent", a-t-il dit à des journalistes, sans préciser si des discussions étaient en cours pour renégocier le prix convenu en juillet.

Un porte-parole de Yahoo s'est dit confiant dans le processus en cours. "Nous continuons de travailler sur notre intégration avec Verizon", a-t-il dit.

Yahoo avait confirmé le 22 septembre, deux mois après l'annonce de son rachat par Verizon, ce piratage remontant à 2014 et effectué selon lui par un "agent piloté par un Etat", une accusation mise en doute par certains experts de sécurité informatique.

Des sénateurs démocrates ont demandé au groupe internet de livrer davantage d'informations sur le piratage et de dire pourquoi il a mis tant de temps à s'en apercevoir.

L'accord signé par les deux groupes en juillet comportait une clause autorisant Verizon à se retirer s'il survenait un événement pouvant "raisonnablement être considéré comme susceptible d'avoir un effet matériel adverse" sur les activités, les actifs ou la situation financière de Yahoo.

Craig Silliman a précisé que Verizon avait reçu le feu vert de la Commission fédérale du commerce (FTC) à son projet d'acquisition de Yahoo mais attendait toujours la décision de la SEC, le gendarme de Wall Street, et de la Commission européenne.

Verizon a eu des "retours préliminaires" de Yahoo sur le piratage mais attend encore des "informations significatives" avant de prendre une décision, a-t-il ajouté.

Pour Roger Entner, analyste chez Recon Analytics, "Verizon a raison d'être mécontent de la manière dont Yahoo a révélé l'intrusion".

L'issue la plus probable, selon lui, sera que Yahoo se résigne à être racheté à un prix plus bas. "Je ne pense pas qu'ils aient vraiment le choix. Qui d'autre voudrait d'eux ?"

A Wall Street, l'action Yahoo a clôturé en baisse de 1,75% à 41,62 dollars alors que Verizon a fini stable (-0,02% à 50,29). L'indice Standard & Poor's 500 a cédé 0,31%. (David Shepardson, avec Dustin Volz à Washington et Malathi Nayak à New York, Véronique Tison pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Verizon Communications Inc., Yahoo! Inc.