Olivier Pinaud,

L'Agefi

PARIS (Agefi-Dow Jones)--En lançant quasiment unanimement des avertissements sur résultats ces dernières semaines, les fabricants mondiaux d'éoliennes ont prévenu : l'année 2018 s'annonce particulièrement turbulente. Trois des cinq plus grands marchés du secteur, à savoir les Etats-Unis, l'Inde et l'Allemagne, ont engagé des réformes qui pourraient modifier leur cadre réglementaire.

Aux Etats-Unis, la réforme fiscale en cours de négociation fait craindre une révision à la baisse des mesures incitant à l'investissement dans les énergies renouvelables. Début novembre, la Chambre des représentants a proposé une réduction de près de 40% du crédit d'impôts dont bénéficie le secteur éolien, mettant ainsi en risque, selon les défenseurs des énergies renouvelables, 50 milliards de dollars d'investissement. Le projet a été supprimé ensuite par le Sénat. Un compromis devra donc être trouvé dans les prochains mois, faisant ainsi planer une importante incertitude sur les fabricants de turbines. Pour le groupe danois Vestas, 2 GW de commandes potentielles d'ici à la fin de l'année sont menacées, expliquant le grand écart de sa prévision de cash-flow annuel : entre 450 et 900 millions d'euros.

En Allemagne, l'incapacité du parti d'Angela Merkel à former un nouveau gouvernement de coalition met en danger la mesure de fermeture de 8 à 10 GW demandée par les Verts, faisant ainsi disparaître un important marché potentiel pour les fabricants d'éoliennes. Enfin, en Inde, la mise en place en début d'année d'un système d'appel d'offres pour attribuer les projets éoliens a contribué à faire chuter les prix de rachat de l'électricité produite par ces centrales et donc alimenter le mouvement de déflation des équipementiers. Certains d'entre eux auraient cassé leurs prix pour écouler leurs stocks. Sans détailler les différentes composantes du chiffre, Vestas, le numéro un mondial, a indiqué mi-novembre que son prix moyen de vente a baissé de 9% au troisième trimestre.

"De nombreux investisseurs s'interrogent sur la juste valeur des fabricants d'éoliennes dans ce contexte déflationniste", reconnaissaient la semaine dernière les analystes de HSBC dans une note sectorielle. Ils préviennent qu'un nouvel ajustement à la baisse des actions n'est pas exclu alors que les multiples actuels des différents acteurs, malgré la correction récente, restent supérieurs au ratio plancher chiffré à 5 fois l'Ebit, hors activités de maintenance. Le risque de baisse va de 10% à 15% suivant les valeurs.

-Olivier Pinaud, L'Agefi. ed: ECH

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