LONDRES, 21 mars (Reuters) - La police métropolitaine de Londres est institutionnellement raciste, misogyne, homophobe et incapable de se contrôler, selon un rapport indépendant publié mardi, qui accentue la pression sur le nouveau patron de la "Met" pour qu'il mène une réforme de la plus grande corporation policière britannique.

Une vaste enquête a été ouverte en 2021 à la demande de l'ancienne cheffe de la police de la capitale britannique, Cressida Dick, à la suite de la condamnation d'un officier de police de la "Met" à une peine d'emprisonnement à perpétuité pour le viol et l'assassinat de Sarah Everard.

Cette affaire a choqué le pays et, en plus de mettre en lumière le climat d'insécurité pour les femmes, a soulevé des interrogations sur les pratiques systémiques de la police londonienne.

"Il y a un racisme, un sexisme et une homophobie institutionnels, au sein de l'organisation dans la manière dont les officiers et le personnel sont traités, et à l'extérieur de l'organisation dans la manière dont l'ordre est assuré dans les communautés", est-il écrit dans le rapport, lequel ajoute que la "Met" a manqué à ses devoirs envers les femmes et les enfants.

Ce rapport indépendant, supervisé par Louise Casey, qui siège à la chambre haute du Parlement, dit avoir constaté de "graves" manquements au sein de la "Met" qui nécessitent que celle-ci soit "radicalement réformée".

En 1999, déjà, une enquête sur le meurtre d'un jeune adolescent noir, Stephen Lawrence, avait identifié un racisme institutionnel au sein de la "Met" dans la réponse de celle-ci à l'assassinat.

Selon le rapport, le principal obstacle pour corriger le fonctionnement de la police londonienne réside dans sa culture du déni s'agissant de l'ampleur de ses problèmes.

"Peu importe la manière de regarder les choses, de les nommer ou de les décrire, y-a-t-il une preuve absolument claire qu'en tant qu'institution, (la Met) a des préjugés et est discriminatoire ? Oui, elle l'est", a déclaré Louise Casey à des journalistes en amont de la publication du document.

Le chef de la "Met", qui est l'officier de police le plus gradé du pays, a déclaré devant la presse: "Nous avons failli aux Londoniens, nous avons failli à notre propre ligne de front, et ce rapport le dépeint clairement".

Se disant "profondément désolé", Mark Rowley a ajouté que le rapport "génère une série d'émotions: colère, frustration, embarras... Mais surtout, il génère de la détermination".

Il a indiqué que les normes professionnelles de la police londonienne ont été "revues à la hausse" et qu'elles contribuaient au renvoi d'officiers de police "à un rythme plus élevé", admettant toutefois que le travail n'était pas terminé.

Le rapport, de 360 pages, estime que la "Met" a besoin d'un leadership ferme, d'un service de protection des femmes et d'une nouvelle stratégie pour l'enfance, entre autres recommandations.

Selon une version préliminaire du document, communiquée en octobre dernier, il faut en moyenne 400 jours à la police londonienne pour traiter des accusations contre ses officiers.

Notant qu'aucun changement n'avait été entrepris après l'affaire Everard, comme cela aurait dû être le cas selon elle, Louise Casey a déclaré que le rapport avait vocation à servir de déclencheur. (Reportage Muvija M et Michael Holden; version française Jean Terzian)