PARIS, 23 décembre (Reuters) - Les différents laboratoires commercialisant des vaccins contre le COVID-19 ont diffusé des données préliminaires sur l'évaluation de l'efficacité de ces produits contre le nouveau variant Omicron, qui suggèrent que le schéma vaccinal à trois injections permettrait d'augmenter significativement la réponse immunitaire.

Ces tests préliminaires in vitro en laboratoire ont été réalisés soit à partir des différentes souches virales analysées, soit à partir de "pseudovirus" non pathogènes mais modifiés génétiquement pour présenter les principales mutations caractéristiques du variant Omicron.

L'analyse été effectuée avec du sérum prélevé chez quelques dizaines de personnes immunisées contre le SARS-CoV-2 après avoir été contaminées par d'autres variants ou après avoir été vaccinées, avec un schéma vaccinal à une, deux ou trois doses, généralement quatre semaines après l'injection.

Ces premières indications d'une éventuelle efficacité des vaccins contre le variant Omicron ont été obtenues en mesurant la concentration moyenne d'anticorps neutralisants dans ces différents groupes.

Les études correspondantes ont parfois été soumises mais n'ont pas encore été publiées par des revues scientifiques à comité de lecture.

Les différents laboratoires mènent désormais des recherches in vivo dans le cadre d'essais cliniques, certains d'entre eux travaillant par ailleurs au développement d'autres candidats vaccins spécifiquement dirigés contre ce nouveau variant très contagieux.

* COMIRNATY DE PFIZER ET BIONTECH

Le laboratoire pharmaceutique américain et la biotech allemande ont annoncé au début du mois que pour le sérum de personnes ayant reçu seulement deux doses, la concentration moyenne d'anticorps neutralisants dirigés contre Omicron est plus de 25 fois inférieure à celle des anticorps dirigés contre la souche initiale du virus SARS-CoV-2. Cela suggère que ce schéma pourrait être insuffisant pour protéger contre ce variant, même s'il pourrait tout de même protéger contre les formes graves de COVID-19 par le biais d'autres mécanismes immunitaires.

En revanche, les dosages effectués avec le sérum de personnes ayant reçu une dose de rappel suggèrent que la concentration moyenne d'anticorps neutralisants dirigés contre Omicron est alors environ 25 fois plus importante.

Elle devient alors comparable aux concentrations d'anticorps contre la souche initiale et les précédents variants observées après deux doses, ce qui correspond à des niveaux associés à une efficacité vaccinale élevée.

* SPIKEVAX DE MODERNA

La biotech américaine a annoncé lundi que l'administration d'une dose de rappel de son vaccin (50 µg, soit une demi-dose par rapport à celle administrée lors des deux premières injections) entraînait une multiplication par 37 de la concentration des anticorps neutralisant par rapport à son niveau avant cette "troisième dose".

Moderna, qui a également testé une dose de rappel à 100 µg (même dosage que pour le schéma vaccinal initial pré-rappel), a précisé que dans ce cas la concentration des anticorps neutralisant devenait près de 80 fois supérieure à son niveau pré-injection de rappel, donc après un schéma à deux doses.

* VAXZEVRIA D'ASTRAZENECA, DÉVELOPPÉ AVEC L'UNIVERSITÉ D'OXFORD

Selon une étude réalisée par l'université d'Oxford et relayée jeudi dans un communiqué publié par le laboratoire britannique, la concentration moyenne d'anticorps neutralisants contre Omicron est renforcée après la "troisième dose", le rappel vaccinal.

Elle devient alors comparable aux concentrations d'anticorps observées contre le variant Delta après un schéma vaccinal à deux doses, ce qui correspond à des niveaux associés à une efficacité vaccinale élevée.

AstraZeneca précise également que les données d'une autre étude en laboratoire suggèrent que pour les personnes ayant reçu seulement deux doses, la concentration moyenne d'anticorps neutralisants dirigés contre Omicron est inférieure à celle des anticorps dirigés contre la souche initiale du virus SARS-CoV-2, laissant penser que ce schéma vaccinal pourrait être insuffisant pour protéger contre ce variant.

* LE VACCIN DE JANSSEN, FILIALE DE JOHNSON & JOHNSON (J&J)

Janssen n'a pas encore publié de données concernant l'évaluation de l'efficacité de son vaccin contre le variant Omicron mais les résultats préliminaires d'une étude conjointe de l'université de Washington et de Humabs Biomed, une filiale de la biotech américaine Vir Biotechnology, suggèrent que la grande majorité des personnes ayant reçu ce vaccin monodose ne développent pas d'anticorps neutralisants contre Omicron.

* NUVAXOVID DE NOVAVAX

Les premières données de laboratoire évaluant l'efficacité du vaccin face au variant Omicron suggèrent qu'après un schéma vaccinal à trois doses, la réponse immunitaire est comparable voire plus élevée à celle observée contre les souches précédentes après une double injection.

La biotech américaine explique dans un communiqué que les résultats des dosages réalisés suggèrent que la dose de rappel semblerait bénéfique, à la fois comme stimulation de la réponse contre les autres variants et comme protection spécifique contre Omicron.

(Reportage bureaux de Reuters, rédigé par Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)