(Actualisation: commentaires d'analystes et cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le fonds d'investissement Bluebell Capital a demandé à Vivendi, dont il est actionnaire, d'améliorer les conditions financières de la scission de sa filiale Universal Music Group (UMG), dans une lettre qu'a consultée l'agence Agefi-Dow Jones.

Le groupe de médias et de divertissement doit distribuer à ses actionnaires 60% du capital d'UMG, sous la forme d'un dividende exceptionnel en actions, dont la mise en paiement sera réalisée au plus tard le 29 septembre, avec un détachement prévu le 27 septembre.

Chaque action Vivendi donnera droit à une action de la maison de disques UMG, qui seront alors cotées à la Bourse d'Amsterdam. Le montant de la distribution en nature sera déterminé en multipliant le nombre d'actions UMG distribuées par le cours de Bourse d'ouverture de l'action UMG sur le marché réglementé Euronext Amsterdam à la date de détachement de la distribution en nature.

Dans une lettre en date du 21 mai, Bluebell Capital a demandé à Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi, et à Yannick Bolloré, son président du conseil de surveillance, d'ajouter au projet de scission d'UMG une distribution de dividendes en espèces pour un montant total de 3 milliards d'euros. L'activiste britannique considère qu'il s'agirait d'une juste compensation de la perte en trésorerie que devraient subir les investisseurs en raison de la fiscalité de la distribution en nature prévue.

Bluebell Capital estime par ailleurs que la place de cotation "naturelle" d'UMG devrait être New York. Le fonds a ainsi demandé à Vivendi d'étudier la possibilité d'une double cotation de sa maison de disques, à New York et à Amsterdam, afin d'améliorer la liquidité du titre.

Vivendi se dit "très à l'écoute"

"Vivendi est très à l'écoute de tous ses actionnaires, grands et petits", a déclaré mercredi un porte-parole du conglomérat à l'agence Agefi-Dow Jones, confirmant la réception de la lettre du fonds qui a récemment contribué à la refonte de la gouvernance de Danone.

"Comme toujours avec l'apparition d'un fonds dit activiste, la clef se situe dans le rapport de force au capital le jour de l'assemblée générale", commente Oddo BHF. Bluebell Capital ne divulgue pas le niveau de sa participation dans Vivendi.

Le projet de scission d'UMG et les conditions de sa mise en Bourse à Amsterdam seront soumis au vote des actionnaires de Vivendi lors de l'assemblée générale (AG) du 22 juin. Cet évènement constituera une opportunité "de dialoguer" avec nos actionnaires, a ajouté le porte-parole du groupe.

Des résolutions potentiellement "à risque"

Selon les estimations d'Oddo BHF, les résolutions relevant l'AG ordinaire, dont celle portant sur la scission d'UMG, "devraient être adoptées". Bolloré SA, les salariés de Vivendi et la Caisse des dépôts et consignations pourraient en effet représenter un bloc de 50% des droits de vote lors de la prochaine AG, correspondant à la majorité simple requise pour l'approbation de ces résolutions.

Mais les résolutions relevant de l'AG extraordinaire, requérant la majorité qualifiée des deux tiers, risquent d'être "plus discutées", prévient Oddo BHF. Vivendi pourrait être contraint de trouver un compromis avec Bluebell Capital pour s'assurer l'approbation de certaines résolutions extraordinaires. Parmi elles, celle devant donner l'autorisation au groupe de lancer une offre publique de rachats d'actions (OPRA) au prix unitaire de 29 euros et qui porterait sur un maximum de 50% du capital.

Vivendi a toujours indiqué qu'il utiliserait le produit de la mise en Bourse d'UMG pour financer des acquisitions et récompenser ses actionnaires en procédant à des rachats d'actions. "Il est évident que tout ce qui peut améliorer le rendement pour les actionnaires est le bienvenu, mais nous ne voyons pas pourquoi les dirigeants de Vivendi changeraient de cap de manière substantielle à ce stade", déclare Citi.

Vers une cession de 10% d'UMG avant son IPO

Préalablement à la distribution de 60% du capital d'UMG aux actionnaires de Vivendi, le groupe analyse l'opportunité d'une vente de 10% de ses actions UMG à un investisseur américain ou celle de procéder à une offre au public d'au moins 5% et jusqu'à 10% du capital d'UMG. Bluebell Capital soutient cette initiative.

Vivendi compte toutefois conserver 10% du capital d'UMG pendant au moins deux années afin de pouvoir rester associée au développement de sa filiale tout en bénéficiant de la protection de la législation européenne applicable aux sociétés mères et filiales d'Etats membres différents.

Entre mars 2020 et janvier 2021, le géant chinois de la technologie Tencent a acquis 20% du capital d'UMG auprès de Vivendi, pour un montant total de 6 milliards d'euros faisant ressortir une valorisation de 30 milliards d'euros pour 100% du capital. Selon les derniers travaux menés par le cabinet PwC et confirmés par EY, la valeur de la maison de disques est désormais estimée à 33 milliards d'euros.

Vers 13h30, l'action Vivendi gagne 1% à 29,76 euros, enregistrant une des plus fortes hausses du CAC 40.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH

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May 26, 2021 07:29 ET (11:29 GMT)