Bruxelles (awp/afp) - La Commission européenne a approuvé vendredi la fusion dans le secteur des médias entre Lagardère et Vivendi, à condition que ce dernier respecte son engagement à céder ses activités dans l'édition et le magazine "Gala", selon un communiqué.

Le groupe Lagardère est la maison-mère du troisième éditeur mondial Hachette Livre, et la Commission européenne craignait que la fusion limite drastiquement la concurrence dans ce secteur.

Pour se plier aux exigences de Bruxelles, Vivendi s'était engagé à céder "Gala" ainsi que ses activités dans l'édition: Editis et ses entités (Robert Laffont, Nathan, Le Robert, Pocket etc.). Ces engagements "répondent intégralement aux problèmes de concurrence relevés par la Commission" dans son enquête, a jugé l'exécutif européen.

La Commission redoutait que l'opération, telle que prévue initialement, "ne nuise à la concurrence" dans l'édition tout au long de la chaîne de valeur du livre, où Editis et Hachette sont les deux principaux acteurs du marché, comme dans la presse magazine, où rivalisent "Paris Match" de Lagardère et "Gala" de Vivendi.

Vincent Bolloré et ses enfants, qui contrôlent Vivendi et sa cascade de holding, avaient accepté dès l'été 2022 de se délester de leur groupe d'édition, Editis, numéro 2 sur le marché français.

Editis rentrera finalement dans l'escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, également actionnaire de la Fnac.

Et pour éviter une position dominante dans le secteur des magazines people, Vivendi a choisi de sacrifier "Gala" pour garder "Paris Match", l'un des principaux médias de Lagardère avec le "JDD" et la radio Europe 1.

La Commission a estimé dans un communiqué que ces actifs cédés "constituent une activité viable qui permettrait à un acheteur potentiel de concurrencer de manière effective" le groupe issue de la fusion Lagardère/Vivendi.

"La décision de la Commission est subordonnée au respect intégral des engagements contractés", et la mise en oeuvre des cessions sera contrôlée "par un mandataire indépendant sous la supervision de la Commission", qui évaluera par ailleurs "l'adéquation des acheteurs" dans le cadre d'une procédure d'approbation distincte.

La conquête de Lagardère est une étape clé du recentrage de la famille Bolloré sur les médias et l'édition, un secteur dans lequel elle souhaite peser au-delà des frontières françaises.

Avec Hachette, qui détient notamment les maisons d'éditions Grasset, Fayard, Stock ou Calmann-Lévy, il pourra rivaliser avec l'allemand Bertelsmann, un groupe familial mêlant livre et audiovisuel.

Vivendi avait lancé son assaut début 2020 lorsque l'ex-empire industriel et médiatique était au plus mal, fragilisé par la pandémie de Covid-19 et son patron Arnaud Lagardère aux abois, poursuivi par un fonds activiste et lourdement endetté.

afp/rp