Paris (awp/afp) - Enième rebondissement dans la guerre d'usure au sein de Lagardère: le conseil de surveillance a refusé lundi de convoquer l'assemblée générale extraordinaire réclamée par le fonds Amber et le géant des médias Vivendi, qui contestent sa gouvernance, mais se dit prêt à "ouvrir le dialogue".

Opposant de longue date du patron-héritier Arnaud Lagardère, le fonds activiste s'était contre toute attente allié en plein mois d'août à Vivendi, les deux premiers actionnaires du groupe réclamant une assemblée générale d'ici fin octobre ainsi que le remplacement de trois membres du conseil de surveillance.

Amber et Vivendi cumulent près de 44% du capital de Lagardère et un peu plus de 30% des droits de vote.

Arnaud Lagardère leur avait coupé l'herbe sous le pied moins d'une semaine plus tard en obtenant de manière anticipée le renouvellement pour quatre ans de son mandat controversé de gérant.

Lundi soir, le conseil de surveillance de Lagardère a infligé un nouveau revers à Amber Capital et Vivendi, en rejetant leur demande d'une assemblée générale extraordinaire, considérant que "les conditions juridiques ne sont pas réunies pour déroger au calendrier social connu de tous les actionnaires".

Dans son communiqué, il estime que "la dernière assemblée générale s'étant valablement tenue le 5 mai dernier à l'issue de plusieurs mois de débats intenses sur la gouvernance du groupe, il n'y avait aucun motif légitime à la convocation d'une nouvelle assemblée générale dans l'urgence".

"Cependant", le conseil de surveillance entrouvre la porte à ses détracteurs et indique qu'"en accord avec la gérance", il a "décidé d'ouvrir un dialogue actionnarial constructif et apaisé".

Le comité des nominations, des rémunérations et de la RSE (responsabilité sociétale de l'entreprise) s'est ainsi "saisi de la candidature de Virginie Banet, qu'il examinera notamment au regard de son indépendance et des critères rappelés dans le document d'enregistrement universel 2019" du groupe.

Selon certains médias, la candidature de Mme Banet avait été proposée par Vivendi.

comptes dégradés par la crise sanitaire

Ces dernières semaines, deux membres du conseil de surveillance de Lagardère avaient démissionné: la directrice générale des activités françaises de la maison de ventes Christie's, Aline Sylla-Walbaum, et Yves Guillemot, PDG de l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft.

En remplacement de Mme Sylla-Walbaum, le conseil de surveillance annonce lundi soir qu'il a "coopté" Valérie Bernis, "dont l'expérience reconnue au sein de grands groupes à dimension internationale sera un atout précieux pour accompagner le groupe Lagardère".

Mme Bernis rejoindra le Comité des Nominations, des Rémunérations et de la RSE, est-il précisé.

Lagardère a été touché de plein fouet par la crise sanitaire et a perdu près de 500 millions d'euros au premier semestre.

Le groupe a vu ses résultats semestriels fortement dégradés à cause de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, plongeant dans le rouge sur la première moitié de l'année, notamment du fait d'un effondrement de son activité Travel Retail, qui concerne la distribution dans les lieux de transport (gares et aéroports).

Arnaud Lagardère a récemment fait appel au milliardaire Bernard Arnault pour venir éponger ses dettes en échange de 27% de sa holding familiale.

Selon les comptes de sa holding, publiés début août, l'endettement total de celle-ci s'élevait à 214 millions d'euros en 2019, dont 164 millions d'euros arrivant à échéance dès la fin de l'année.

L'arrivée de Bernard Arnault est prévue pour début septembre. Le milliardaire et PDG de LVMH doit prendre 27% de la holding par augmentation de capital et achat d'actions.

afp/rp