Paris (awp/afp) - Les actionnaires du géant français des médias Vivendi ont tourné mardi la page d'Universal Music Group (UMG), approuvant largement sa scission en assemblée générale, ce qui permet un recentrage sur les médias, l'édition et la publicité.

Présenté en mai, le projet consiste à distribuer aux actionnaires - notamment le premier d'entre eux le groupe Bolloré qui contrôle Vivendi avec 27% des parts - l'équivalent de 19,8 milliards d'euros sous forme de titres UMG, via un dividende en nature et un acompte sur dividende.

L'opération, qui sera suivie le 21 septembre d'une cotation d'UMG à la Bourse d'Amsterdam (Pays-Bas), doit encore obtenir un accord des autorités néerlandaises, et obtenir la décision du directoire de payer un acompte en fonction du résultat enregistré au premier semestre 2021.

Mais si elle se réalise, chaque actionnaire devrait recevoir une action UMG pour chaque action Vivendi détenue.

L'assemblée générale a également approuvé le versement d'un dividende ordinaire de 60 centimes par action (environ 650 millions d'euros au total), similaire à celui de l'année précédente.

A la tête d'un catalogue allant des Beatles à Rihanna, en passant par Taylor Swift ou Lady Gaga, la major Universal installée à Santa Monica (Californie) est le joyau de l'empire Vivendi, qui possède également les groupes Canal+, Havas, Editis, Gameloft, et désormais Prisma Media.

Sa valorisation a atteint 35 milliards d'euros lorsque Vivendi a annoncé un accord avec le financier américain Bill Ackman pour lui céder 10% des parts d'UMG, après que 20% ont déjà été cédé à un consortium mené par le champion chinois des technologies Tencent.

Vivendi ne conservera sur le long terme que 10% de sa major, dont environ 18% seront détenu par le groupe Bolloré.

Le projet, complexe, avait suscité quelques inquiétudes notamment en raison d'un manque de clarté sur l'utilisation par Vivendi du cash généré par toutes ces opérations.

"L'utilisation du produit de la vente (de 10% d'UMG à Bill Ackman, ndlr) et la structure finale du capital de la société restent incertaines", avait estimé dans une note Agustin Alberti, l'analyste principal du groupe chez Moody's.

Recentrage et synergies

Vivendi (dont près de 8% du capital est auto-détenu) a également obtenu par un vote à 73% de ses actionnaires l'autorisation de racheter jusqu'à la moitié de ses propres titres, une limite très élevée qui peut être interprétée comme un moyen pour le groupe Bolloré de renforcer son contrôle si ces titres venaient à être annulés.

Selon une source proche de Vivendi, cette résolution vise plutôt à "avoir les moyens de se défendre en cas d'opération hostile".

"En tout état de cause, cette autorisation ne serait pas mise en oeuvre avant la mise en paiement de la distribution exceptionnelle", a indiqué le groupe dans une réponse écrite aux interrogations de ses actionnaires.

"Le rachat de 50% du capital pourrait donc porter sur un montant de l'ordre de 6 milliards d'euros post distribution", inférieur aux autorisations de rachat d'actions obtenues les années précédentes, a-t-il ajouté.

Pour rassurer le marché, le groupe Bolloré s'est également engagé dans une lettre à ne pas demander de dérogation à l'obligation de dépôt d'offre publique s'il franchissait le seuil de 30% du capital via des annulations de titres.

Avec des participations récemment acquises dans le service de vidéo à la demande Multichoice, le groupe de presse espagnol Prisa, et une part de 29% dans le groupe français Lagardère qui détient Hachette, Paris Match, le JDD, et Europe 1, Vivendi s'apprête à se recentrer sur les médias, la publicité et l'édition.

Alors que sa valorisation reposait jusqu'ici en grande majorité sur UMG, "il va falloir démontrer qu'il y a réellement des synergies au sein du groupe", analyse Thomas Coudry, du cabinet Bryan Garnier & Co.

"Nous créons les conditions pour que la valorisation de Vivendi dans son ensemble soit supérieure à la somme des parties qui le compose", a déclaré le président du directoire Arnaud de Puyfontaine qui entrevoit "des passerelles entre l'édition et l'audiovisuel, entre le gaming et le spectacle vivant, entre la musique et la publicité".

afp/rp