Une erreur s'est introduite dans une précédente dépêche sur Vivendi. En effet, son actionnaire Artisan Partners gère au total environ 173 milliards de dollars d'actifs, et non 173 millions. Ci-dessous se trouve le texte corrigé. Le reste demeure inchangé.

Vivendi (+0,38% à 29,04 euros) est de nouveau sous le feu des critiques d'un de ses actionnaires minoritaires concernant la scission d'Universal Music Group. Hier soir, le gestionnaire d'actifs américain Artisan Partners a rejoint le britannique Bluebell Capital dans ses critiques, estimant que la vente morcelée de parts du label musical est une "allocation sous-optimale" du capital, et que la distribution de 60% des titres aux actionnaires sous forme de dividende exceptionnel n'est pas efficace fiscalement.

"Vendre des morceaux d'UMG à d'autres investisseurs en échange de liquidités est une décision d'allocation de capital sous-optimale", a déclaré David Samra, gestionnaire de portefeuille chez Artisan, dans un communiqué. "Nous préférerions que Vivendi vende la totalité de sa participation dans UMG aux actionnaires d'une manière fiscalement efficace."

"Faire peser une charge fiscale sur les actionnaires de Vivendi par le biais du processus de scission n'est pas attrayant", a encore ajouté l'homme d'affaires.

Des critiques qui ajoutent encore un peu plus de pression sur les épaules de Vincent Bolloré, alors que le plan de scission doit être soumis à l'approbation des actionnaires lors de la prochaine assemblée générale de Vivendi le 22 juin prochain. Il a néanmoins reçu le soutien de Glass Lewis et d'ISS, deux des plus importantes sociétés de procuration et de services de gouvernance au monde, qui appellent les actionnaires à voter en faveur du projet.

Ces dernières semaines, le fonds Bluebell Capital basé à Londres avait lui aussi contesté le plan de distribution du capital d'UMG, tout en se déclarant favorable sur le principe à une scission de la pépite musicale du groupe français. Bluebell avait notamment demandé à Vivendi le versement d'un dividende exceptionnel de 2,8 euros par action, soit environ 3,3 milliards d'euros au total, avant d'écrire à l'AMF pour réclamer une enquête concernant les informations réellement diffusées aux actionnaires sur le projet.

Le courroux d'Artisan Partners, qui gère environ 173 milliards de dollars d'actifs et détient plus de 8,5 millions d'action Vivendi (soit 1,45% du capital) au 31 mars 2021 via son fonds Artisan International Value Fund, intervient également après l'annonce de discussions avec Bill Ackman pour la cession de 10% supplémentaire d'UMG. Une nouvelle qui a quelque peu déconcerté les investisseurs puisque, dans la foulée, le titre du SPAC du milliardaire, Pershing Square Tontine Holdings, avait perdu jusqu'à près de 12%.

Par ailleurs, Bluebell s'inquiète que cette introduction en bourse d'UMG, prévue pour le 27 septembre prochain au plus tard à Amsterdam, et le plan de distribution de son capital ne permettent à Vincent Bolloré de renforcer son contrôle sur Vivendi.

D'autant plus que l'AG du 22 juin devra statuer sur la possibilité pour le géant des médias de racheter et d'annuler jusqu'à 50% de son capital. Une résolution sur laquelle Glass Lewis et ISS appellent à voter contre, affirmant qu'elles n'est pas dans l'intérêt des actionnaires. Ils craignent que le milliardaire n'utilise cette procédure pour augmenter sa participation dans le groupe de médias sans faire d'offre publique d'achat.

Dans une lettre datée d'aujourd'hui, Vincent Bolloré, via le groupe qui porte son nom, s'est toutefois engagé à ne pas demander à l'AMF de dérogation qui lui permettrait d'éviter le dépôt d'une OPA sur les actions Vivendi s'il venait à franchir le seuil réglementaire de 30% de détention du capital (il en détient actuellement 27%). Mais il se réserve la possibilité de vendre des actions et pourrait aussi participer à l'opération de réduction de capital en apportant ses titres à l'offre de rachat qui serait mise en œuvre par Vivendi.