Le titre Vivendi fait fi des menaces de Standard and Poor's et gagne cet après-midi 0,31% à 29,43 euros. L'agence de notation a pourtant placé, ce matin, la note de crédit du géant des médias sous surveillance négative. Elle n'a a revanche pas touché à sa notation de BBB. Toutefois, sa sortie signifie qu'elle pourrait prochainement être dégradée à BBB-, soit seulement un cran au-dessus de la catégorie spéculative.

La faute au projet de Vivendi de scinder Universal Music Group (UMG), sa filiale de production musicale, en redistribuant 60% de son capital au actionnaires et en l’introduisant en bourse d'ici la fin de l'année. Depuis que le consortium mené par Tencent a acquis 10% supplémentaires fin janvier, pour porter sa participation à 20%, la valorisation d'UMG atteint les 30 milliards d'euros.

Un projet révélé la semaine dernière et considéré par les analystes comme "very shareholder friendly", c'est-à-dire très bénéfique pour les actionnaires, qui attendaient la vente de la pépite de l'empire Bolloré depuis longtemps. Pour preuve, l'action Vivendi a décollé après l'annonce et a terminé lundi 15 février en tête du CAC 40 avec une progression de 19,62%. Les jours suivants, elle a reculé de plus de 6%, victime de prise de bénéfices.

Mais si la scission d'UMG est une bonne nouvelle pour les actionnaires, qu'implique-t-elle pour le groupe de médias ? Dans un premier temps, la valorisation d'UMG a mis en lumière la faible valorisation de l'action Vivendi. Mais pour S&P Global Rating, "le profil de risque de Vivendi sera probablement affaibli considérablement par la scission puisque le groupe sera dépendant d'entreprises de médias moins dominantes, avec des profils de croissance, de rentabilité et de génération de trésorerie structurellement plus faibles que ceux d'UMG".

Concrètement, cela signifie que la performance du groupe reposera sur des filiales telles que Canal+, Havas ou Gameloft, qui ne sont pas des acteurs dominants sur leurs marchés respectifs comme peut l'être UMG dans la production et le streaming musical.

La valorisation d'UMG est par exemple 1,6 fois supérieure à la capitalisation de son grand concurrent, Warner Music Group (WMG). WMG a par ailleurs réalisé un chiffre d'affaires de 4,46 milliards de dollars lors de son dernier exercice fiscal (clos fin septembre 2020), alors qu'UMG a fait mieux (5,31 milliards d'euros), en seulement neuf mois. De son côté, le groupe Canal+ (Canal+, C9, CStar et CNews) a réalisé une part d'audience 2020 de 6,7%, alors que ses concurrents TF1 et M6 ont réalisé respectivement 27,9% et 14,9%.

S&P n'est pas la seule à douter de l'effet bénéfique de cette scission pour Vivendi. La semaine dernière, Citigroup a dégradé "à contre-coeur" la recommandation sur le titre du groupe de Vincent Bolloré à Neutre, contre Achat précédemment. La banque américaine explique que la décote de la holding qui résulterait de l'opération limiterait sévèrement le potentiel de hausse de l'action, son objectif de cours s'établissant désormais à 30,5 euros.