Vivendi trébuche ce mercredi au CAC 40: le titre de la holding spécialisée dans les médias perd en effet 1,72% à 29,10 euros, après des révélations de Bloomberg selon lesquelles Bluebell Capital aurait demandé à l'AMF de mener une enquête concernant l'introduction en bourse d'Universal Music Group (UMG) prévue d'ici le 27 septembre. Une information confirmée par le régulateur auprès de l'AOF. Selon le fonds activiste, actionnaire minoritaire de Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré aurait caché des informations importantes à ses actionnaires concernant les conditions de cette introduction.

Bluebell reproche notamment à Vivendi d'avoir fusionné en février dernier deux filiales d'UMG, Universal Music Group Inc et Universal International Music BV, au sein d'une même entité sans en informer ses actionnaires. Une action qui, selon le fonds, retire à ces derniers la possibilité de bénéficier d'une structure fiscale plus avantageuse et signifie que la fusion "pourrait être considérée comme ayant eu lieu avec le bénéfice d'une information privilégiée".

Si la fusion de ces deux entités avait été rendue publique initialement, "elle aurait eu un effet significatif sur la valeur des instruments financiers", a déclaré Bluebell, rapporte Bloomberg.

De plus, le fonds londonien s'interroge sur la véritable part d'UMG que détiendra Vivendi après la scission. Le groupe de médias, qui a déjà céder 20% du capital de sa pépite à Tencent, a prévu de distribuer 60% d'UMG à ses actionnaires, et étudie actuellement la possibilité de céder une part supplémentaire, soit à un investisseur américain à hauteur de 10%, soit via une offre au public de 5% à 10%. Il s'est néanmoins engagé à conserver les 10% restants pendant au moins deux ans après l'opération.

Enfin, Bluebell s'inquiète d'un potentiel renforcement du contrôle d'UMG par Bolloré au-delà du seuil légal qui imposerait le lancement d'une OPA.

Contacté par l'AOF, Vivendi a décliné tout commentaire. Le fonds activiste n'a pour sa part pas donné suite dans l'immédiat à nos sollicitations.

Il s'agit de la seconde revendication en quelques jours de la part de Bluebell vis-à-vis de Vivendi concernant l'introduction en bourse d'UMG. La semaine dernière, le fonds avait affirmé que les conditions de la scission étaient défavorables aux actionnaires minoritaires et avait demandé le versement d'un dividende exceptionnel de 2,8 euros par action, soit environ 3,3 milliards d'euros au total.

Des griefs pas forcément partagés par Bernstein, pour qui il n'est "pas clair qu'il existe un plan de scission clairement supérieur à celui que Vivendi a mis sur la table". Le broker rejoint en revanche Bluebell sur le fait que "tout indique que Bolloré cherche à prendre le contrôle de Vivendi par le biais de rachats d'actions".

"Nous nous attendons à un risque de volatilité majeur lié au jeu des chaises musicales à la date de détachement du dividende (le 27 septembre), car les investisseurs de croissance vendent", ajoute Bernstein.

L'analyste a par ailleurs sanctionné aujourd'hui le titre Vivendi en dégradant son opinion de Surperformance à Performance du marché, avec un objectif de cours 30,6 euros (contre 30,3 euros précédemment).

"Nous en avons suffisamment entendu pour penser que la valeur créée par la scission est désormais intégrée. Nous couvrons Vivendi, pas UMG, et ce qui restera, c'est une gouvernance de type boîte noire, un bilan inégal de création de valeur, et un ensemble hétéroclite d'actifs : télévision payante, marketing communication, participations minoritaires", explique Bernstein.