Vivendi recule de 1,06% à la bourse de Paris, à 28,96 euros par action, en dépit du soutien du fonds de pension norvégien dans son projet de scission d'Universal Music Group (UMG). En effet, le fonds souverain a annoncé jeudi qu'il voterait en faveur de la distribution de 60% du capital du label musical aux actionnaires de Vivendi lors de l'assemblée générale du 22 juin. Le plus important fonds souverain au monde, détenant notamment 1,49% du conglomérat français des médias, s'est également dit favorable au versement d'un dividende de 60 centimes par action.

En revanche, le fonds norvégien s'opposera à la rémunération des hauts dirigeants et des membres du conseil d'administration, estimant qu'une "part importante de la rémunération annuelle doit être versée sous forme d'actions bloquées pendant cinq à dix ans, indépendamment de la démission ou de la retraite".

"Le conseil d'administration doit assurer la transparence de la rémunération totale afin d'éviter des résultats inacceptables, ajoute le fonds. Le conseil d'administration doit s'assurer que tous les avantages ont une justification commerciale claire. Le revenu ouvrant droit à pension doit constituer une part mineure de la rémunération totale". 

Il s'opposera également à tout programme de rachat d'actions et à l'annulation des titres rachetés, une "autre préoccupation concernant l'efficacité des conseils d'administration ou la protection des actionnaires", justifie-t-il.

Les modalités du projet d'introduction en bourse d'UMG, prévue d'ici le 27 septembre prochain à la bourse d'Amsterdam, n'ont pas manqué pas de susciter l'ire de plusieurs actionnaires de Vivendi, tels les fonds Bluebell Capital ou Artisan Partners. Ceux-ci jugent la redistribution morcelée peu efficace fiscalement, peu favorable aux petits actionnaires, et cache potentiellement la volonté de Vincent Bolloré d'accroître son influence sur Vivendi.

Dans une note d'analyse publiée aujourd'hui, dans laquelle elle réitère sa recommandation d'Achat avec un objectif de cours de 43 euros sur le titre Vivendi, la banque américaine JPMorgan étudie deux scénarios potentiels pour l'introduction en bourse de la pépite de l'empire Bolloré : un "scénario Bluebell" dans lequel Vivendi utilise le produit de la vente d'UMG pour des dividendes spéciaux (pour rappel, Bluebell, tout en se disant favorable à la scission, avait demandé le versement d'un dividende exceptionnel de 2,8 euros par action), versus le "Masterplan Bolloré", qui se déroule presque exactement comme la banque l'avait envisagé. Dans les deux cas, elle considère que cette scission sera suivie d'un rachat d'actions Vivendi.

"Le scénario Bluebell pourrait impliquer une valorisation de 39 euros par action, explique JPMorgan, tout en conservant l'indépendance et l'optionnalité de Vivendi. Le "Masterplan" - qui suppose une Offre Publique de Rachat d'Actions (OPRA) avec une prime de 15 % et une offre de Bollore avec une prime de 25 % (dans les deux cas, les activités restantes se négocieraient avec une décote de 30 % de la somme des parties) - se traduirait par une valeur de 43 euros pour les actionnaires".

"Toutefois, le rendement plus élevé s'accompagne d'un plus grand risque, à savoir que la décote de la somme des parties soit plus importante et les primes plus faibles", ajoute la banque.

Les deux scénarios suggèrent ainsi une hausse de sa valorisation d'UMG, qui passe de 47 milliards d'euros à 50 milliards d'euros afin de refléter "le développement plus important des marges et les preuves croissantes de la hausse des prix des abonnements".

Enfin, l'analyste récapitule les incidences fiscales que pourrait impliquer la redistribution de 60% du capital d'UMG aux actionnaires de Vivendi: "le groupe Bollore sera largement exonéré d'impôt en vertu du régime 'mère-fille', explique l'analyste. Si certains investisseurs du Moyen-Orient, les véhicules de placement collectif et les actions détenues dans des plans d'épargne peuvent être exonérés, il semble probable que la plupart des autres investisseurs internationaux seront soumis à une retenue à la source de 10 à 15 %".

Selon JPMorgan, dans les semaines à venir, nous pouvons donc nous attendre à ce que les investisseurs exonérés profitent de l'arbitrage fiscal et représentent une proportion plus importante de l'actionnariat, réduisant ainsi l'obligation fiscale globale. "Les investisseurs doivent régler l'impôt en espèces ou Vivendi peut vendre des actions pour couvrir l'impôt dû, le nombre net d'actions étant distribué", conclut la banque.