Vivendi surperforme légèrement le CAC 40 en gagnant 0,74% à 25,81 euros. Le géant français des médias fait l'actualité aujourd'hui, puisqu'il a annoncé être entré en négociations exclusives avec Gruner + Jahr, filiale de l'allemand Bertelsmann, pour racheter le groupe de presse Prisma Media, alors que, dans le même temps, l'affaire Mediaset prend une nouvelle tournure. En effet, une enquête italienne accuse Vivendi de manipulation de marché dans le but de prendre le contrôle de son concurrent, chose que le groupe de Vincent Bolloré réfute formellement.

En ce qui concerne la première actualité, Vivendi assure que l'acquisition de 100 % de Prisma Media, pour lequel il n'a pas révélé le montant proposé, "s'inscrirait parfaitement dans sa stratégie en complétant utilement le spectre de ses activités existantes". Selon le groupe, "elle offrirait également d'intéressantes opportunités de collaboration au sein du groupe et de développement pour les titres de grande qualité qui composent Prisma Media".

Prisma Media est un des plus importants groupes de presse français sur le print et le digital, et détient une vingtaines de magazines parmi lesquels Femme actuelle, GEO, Capital, Gala ou encore Télé-Loisirs, cumulant plus de 42 millions de lecteurs.

La seconde actualité du jour concerne le litige qui oppose Vivendi et l'Etat italien dans l'affaire Mediaset. Samedi, le parquet de Milan a rendu son verdict dans une enquête initiée en 2017 à la suite d'une plainte de la société holding de Silvio Berlusconi, Fininvest, détenant des parts importantes dans le géant des médias italien.

Le parquet accuse notamment Vincent Bolloré, alors président du conseil de surveillance de Vivendi, et Arnaud de Puyfontaine, président du directoire, d'avoir manipulé le cours de l'action Mediaset dans le but d'acquérir au moins 24,99% de son capital à moindre coût, notamment en rompant en 2016 un accord sur la reprise des activités de télévision payante du groupe italien.

Il leur reproche également de ne pas avoir informé les marchés financiers du mandat de la banque italienne Mediobanca (banque dans laquelle Bolloré possédait jusqu'au 9 décembre dernier 5,6% du capital, avant de réduire sa participation à 4,3%) afin d'examiner les moyens de monter au capital de Mediaset.

Vivendi a répondu ce matin par voix de communiqué, réfutant formellement avoir commis la moindre faute, et s'est dit "stupéfait qu'un document confidentiel, destiné à la protection des personnes faisant l'objet de l'enquête, ait été rendu public dès sa notification à leurs avocats, et que son contenu ait également été déformé."

"Vivendi réaffirme avoir acquis sa participation dans Mediaset de manière légale et avoir toujours communiqué de manière transparente aux marchés et aux régulateurs et que ses dirigeants actuels et précédents sont totalement étrangers à ces circonstances et ont agi dans le plein respect de la loi", a ajouté le groupe.

Pour empêcher le français de prendre le contrôle de son concurrent transalpin,  l'Etat italien joue aussi sur un autre terrain juridique en cherchant à démontrer que ce rapprochement nuirait à la pluralité des médias. Pour cela, c'est aujourd'hui qu'est censée démarrer l'enquête de l'AGCOM, l'autorité italienne des télécommunications et des médias, afin de déterminer si les participations de Vivendi à la fois dans Mediaset (28,8% du capital) et dans Telecom Italia (23,9% du capital) sont conformes aux règles italiennes dans ce domaine.

Et sur ce volet, le Conseil d'Etat italien, la plus haute instance juridique du pays, a pris une décision ce lundi qui pourrait bien faire avancer la cause de Vivendi. En effet, celui-ci a annulé une décision de la Consob, le gendarme des marchés financiers de l'autre côté des Alpes, qui avait reconnu en septembre 2017 que Vivendi contrôlait de fait Telecom Italia, en raison de sa montée au capital et de la nomination de la majorité des administrateurs de l'opérateur téléphonique. Le Conseil d'Etat a estimé que la Consob n'avait pas respecté les règles de procédure.

Pour rappel, en septembre dernier, la cour de justice de l'Union européenne avait estimé que la loi italienne obligeant Vivendi à se délester des deux tiers de sa participation de 28,8% dans Mediaset était contraire au droit de l'UE et constituait une ''entrave interdite à la liberté d'établissement, étant donné qu'elle n'est pas de nature à atteindre l'objectif de protection du pluralisme de l'information''. Mediaset SpA et Miaset Espana, de leur côté, souhaitent fusionner sous une holding de droit néerlandais, baptisée "Media for Europe", chose à laquelle Vivendi s'oppose.

Valeurs citées dans l'article : Vivendi SE, Mediaset, Bertelsmann SE & Co. KGaA