Après plus de deux mois de litige, la Ligue de Football Professionnel (LFP) et Mediapro, le détenteur des droits de diffusion de la Ligue 1 et de la Ligue 2, se sont mis d'accord la nuit dernière pour rompre leur contrat. Cette rupture s'accompagnerait d'une indemnité de 100 millions d'euros versée à la LFP. La chaîne du groupe sino-espagnol Téléfoot, dont l'arrêt a également été acté, continuera de diffuser les matches de football jusqu'à ce qu'un nouveau diffuseur soit trouvé, rapport le quotidien L'Equipe. Canal+, filiale de Vivendi, serait le favori à la reprise.

Cette décision fait suite aux difficultés rencontrées par Mediapro depuis plusieurs mois. Le groupe de média espagnol, à capitaux chinois, avait acheté les droit de diffusion du championnat de France de football pour les saisons 2020 à 2024 pour un montant de 830 millions d'euros par an.

Mais avec la crise du covid-19 et ses conséquences sur le monde du sport (arrêt des championnats la saison passée, stades vides...), l'attractivité de la Ligue 1 a pris du plomb dans l'aile. Preuve en est le lancement raté de la nouvelle chaîne Téléfoot, qui comptait moins d'un demi-million d'abonnés au mois d'octobre, alors que le patron de Mediapro, James Roures, tablait sur au moins 600 000.

Par conséquent, l'espagnol a failli au versement de deux échéances prévues à son contrat: la première, au mois d'octobre, pour un montant de 172,3 millions d'euros, et la seconde, le 5 décembre dernier, pour un montant de 152,5 millions. Malgré tout, Mediapro devra s'acquitter d'une indemnité de 100 millions d'euros dans le cadre de la rupture conventionnelle de son contrat avec la LFP: 64 millions d'euros dès que l'accord sera validé par le tribunal de commerce de Nanterre, auxquels s'ajouteront 36 millions au premier semestre 2021, précise L'Equipe.

Mediapro avait essayé de rejeter une partie de la responsabilité de cet échec en assignant le groupe Canal+ en justice, au mois de novembre, "pour abus de position dominante". Dans une note d'analyse, Oddo BHF expliquait alors que "l'échec de Mediapro [n'était pas] lié à Canal+ mais plutôt à une erreur de valorisation des droits de la L1 (moindre attractivité et donc prix trop important pour un produit unique)".

Dans le même temps, différentes sources de presse évoquait un possible rachat des droits de la L1 par la chaîne cryptée pour 740 millions d'euros. Un montant qu'Oddo BHF jugeait "élevé et possiblement difficile à rentabiliser". L'analyste estimait en effet que pour amortir une telle somme, Canal+ devrait recruter au moins 2 millions d'abonnés. Un scénario "tout à fait possible mais [qui] suppose que le produit 'football' soit aussi attractif qu'il l'était il y a 10/15 ans", chose difficile à évaluer dans un environnement toujours plus concurrentiel et dominé par des poids lourds tels que Netflix.

D'autres médias évoquent aujourd'hui une possible reprise des droits par Canal+ pour la somme de 590 millions d'euros, plus une éventuelle majoration de 100 millions selon la hausse du nombre d'abonnés.

Contacté par AOF, Canal+ n'a pas souhaité commenté l'actualité. Toutefois, selon Reuters, Vivendi , sa maison mère, a affirmé qu'elle suivait "de près" la situation.

Si Canal+, le "diffuseur historique" du championnat de France de football, venait à récupérer les droits de diffusion de Mediapro, il détiendrait alors l'intégralité des matchs de la L1 (et possiblement de la L2), deux matches de la Ligue des Champions, l'Europa League et la Premier League, plus quelques autres compétitions. Qui plus est, grâce à son partenariat de diffusion avec beINSports, il pourra aussi proposer d'autres championnats étranger.