Après la démission collective de huit administrateurs proches de Vivendi le mois dernier, les actionnaires de TIM sont convoqués en assemblée générale le 4 mai pour renouveler le conseil d'administration.

Cette manoeuvre a été perçue comme une tentative de bloquer les velléités d'Elliott de modifier la gouvernance de TIM, dont Vivendi est le premier actionnaire avec près de 24% du capital.

Le fonds activiste, devenu le deuxième actionnaire de l'opérateur italien avec une participation de 9%, avait proposé de remplacer six administrateurs nommés par le groupe français, dont le président du conseil Arnaud de Puyfontaine, lors de l'AG annuelle prévue le 24 avril.

Le conseil d'administration de TIM a annoncé lundi qu'il saisirait la justice pour trancher si la proposition d'Elliott peut faire l'objet d'un vote dans deux semaines.

Reporter la confrontation au 4 mai améliorerait les chances de Vivendi d'être bien représenté au conseil puisque les actionnaires auraient le choix entre ses candidats et ceux d'Elliott.

Elliott a qualifié mardi la dernière décision de "nouvelle tentative cynique de Vivendi d'échapper à ses responsabilités et de faire reporter un vote des actionnaires."

Même si Elliott obtient les deux tiers du conseil, Vivendi aura l'assurance de voir au moins cinq de ses candidats élus.

Mais les chances du groupe français d'obtenir une majorité se réduisent, surtout après que trois cabinets de conseil aux actionnaires, Glass Lewis, ISS et Frontis, ont recommandé aux actionnaires de soutenir la proposition d'Elliott.

L'action TIM a fini en hausse de 3,04% à 0,8802 euro à la Bourse de Milan mardi, surperformant l'indice FTMib qui a pris 0,52%.

LE CASSE-TÊTE GENISH

TIM a perdu un quart de sa valorisation boursière depuis que Vivendi est entré dans son capital en 2015.

Elliott, qui s'est invité cette année au capital, critique les performances et la gouvernance de TIM et fait valoir qu'un conseil d'administration moins inféodé à Vivendi pousserait à de meilleurs retours pour les actionnaires.

L'association Assogestioni qui regroupe des fonds italiens a renoncé lundi à présenter des candidats, ce qui pourrait jouer en faveur du fonds activiste américain.

"Nous avons estimé que ne pas présenter une liste était le meilleur moyen d'améliorer la gouvernance de l'entreprise", a expliqué mardi le président d'Assogestioni, Tommaso Corcos.

Étonnamment, Vivendi n'a guère cherché à répondre aux inquiétudes sur la gouvernance, reconduisant la plupart de ses administrateurs actuels et maintenant en lice Arnaud de Puyfontaine, son président du directoire, pour la présidence non exécutive de TIM.

Elliott à l'inverse joue la carte du changement en faisant appel à des personnalités italiennes bien connues du sérail, parmi lesquelles deux anciens cadres dirigeants de TIM, Fulvio Conti et Rocco Sabelli.

Le choix de candidats indépendants, dont aussi Paola Bonomo, ex-responsable de Facebook et de Vodafone, montre qu'Elliott cherche à s'attirer la faveur d'autres actionnaires et du gouvernement italien qui se sont opposés à l'influence croissante de Vivendi.

Rome s'est assuré l'an dernier des pouvoirs dits spéciaux pour avoir son mot à dire sur la stratégie de l'ex-monopole et la banque publique CDP vient de prendre 5% du capital de TIM pour veiller au respect des intérêts du pouvoir.

Elliott et le gouvernement s'accordent sur l'objectif d'assurer que les intérêts de l'ensemble des actionnaires soient mieux représentés au sein de TIM.

Les deux prônent aussi une fusion des actifs de TIM dans les réseaux avec ceux de son concurrent plus petit Open Fiber afin d'éviter des doublons et de mieux cibler leurs investissements.

L'atout de Vivendi reste l'administrateur délégué Amos Genish, un allié de Vincent Bolloré, le président du groupe français, qui est apprécié des actionnaires pour sa connaissance du secteur et son expérience passée au Brésil.

Cela pourrait représenter un casse-tête pour certains actionnaires qui voudraient limiter l'influence de Vivendi mais ne souhaitent pas perdre Genish, dont le plan stratégique présenté le mois dernier a été bien accueilli.

Elliott s'est dit lundi favorable au maintien de l'équipe dirigeante de TIM, Genish en tête, mais des sources ont indiqué que ce dernier pourrait choisir de ne pas rester s'il n'a pas l'assurance de pouvoir compter sur le soutien d'une majorité d'administrateurs.

Selon trois sources proches du dossier, Elliott a entamé la recherche d'un successeur au cas où Genish partirait. "Mais c'est compliqué car il jouit d'un important soutien, il est au coeur de la bataille", avait dit l'une des sources.

(Avec la contribution de Maria Pia Quaglia, Véronique Tison pour le service français)

par Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Vivendi, Telecom Italia