Berlin (awp/afp) - Le groupe automobile allemand Volkswagen a bondi mardi en Bourse après des informations de presse évoquant la volonté de son actionnaire principal, la famille Porsche-Piëch, de vendre une partie de ses parts pour investir dans une introduction en Bourse du constructeur Porsche.

Le titre a fini en hausse de 8,63% à 185,00 euros, en tête de l'indice Dax qui a pris 2,8% à Francfort.

Le journal économique allemand Handelsblatt, citant des sources internes, a affirmé mardi que la famille, qui détient 31,4% du capital de Volkswagen via une société holding, se préparaient à vendre une partie de leurs actions dans l'entreprise.

Le titre de la holding, Porsche SE, a grimpé lui aussi de 8,46% à 81,52 euros.

L'objectif de cette opération, qui serait historique pour Volkswagen: dégager suffisamment de liquidités pour permettre à la famille de racheter un "paquet d'action significatif" du constructeur de voitures de luxe Porsche, fabriquant de la légendaire 911.

La marque, nommée officiellement "Porsche AG", est actuellement détenue à 100% par le groupe Volkswagen. Celui-ci est à son tour contrôlé par Porsche SE qui détient une majorité absolue de droit de vote (53,3%).

Volkswagen envisagerait alors d'introduire en bourse cette filiale lucrative pour répondre à son besoin colossal de liquidités afin de mener à bien sa transition vers l'automobile électrique.

Une telle opération a régulièrement été évoquée par des analystes et médias ces derniers mois mais jamais confirmée par le groupe.

A l'issue de la transaction, la holding compte rester actionnaire principal de Volkswagen tout en récupérant jusqu'à 15 milliards d'euros pour investir dans Porsche, selon Handelsblatt.

"Spéculations"

Contacté par l'AFP, un porte-parole de Porsche SE a qualifié ces informations de "pures spéculations", se refusant à tout commentaires.

Interrogé sur une introduction en Bourse de Porsche AG, Volkswagen a indiqué "évaluer de manière permanente des options" pour "mettre en oeuvre la stratégie du groupe et qui augmentent la valeur de l'entreprise", sans plus de détails.

Le patron du groupe, Herbert Diess, avait récemment tenté de calmer les rumeurs, estimant que "nous sommes bien organisés dans le secteur premium" et que Porsche y avait sa place.

Le géant aux douze marques est lancé depuis plusieurs mois dans une course acharnée pour électrifier son offre et se mettre au niveau de l'Américain Tesla et de ses concurrents chinois, plus avancés dans ce domaine.

Le groupe a, en effet, prévu d'investir des dizaines de milliards d'euros dans son électrification et compte vendre 50% de véhicules électriques d'ici 2030.

La marque phare VW doit, par ailleurs, cesser de produire des voitures à combustion entre 2033 et 2035 en Europe.

Mais des conflits internes entre le directeur Herbert Diess et les représentants des salariés ont récemment hanté le groupe qui doit présenter jeudi son nouveau plan d'investissement pluriannuel, jusqu'à ébranler la confiance de certains investisseurs et analystes dans sa capacité à mener sa reconversion électrique.

Dans ce contexte, une vente d'actions "serait conséquent", a expliqué à l'AFP Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research à Duisbourg (ouest). Elle pourrait indiquer que "la famille considère la situation du groupe comme un risque permanent" et chercherait donc à diversifier son investissement.

Désirant réduire la complexité du conglomérat, le groupe a notamment déjà introduit en Bourse sa branche poids-lourds Traton et cédé une majorité du constructeur de luxe Bugatti.

afp/rp