Berne (awp) - La reprise économique en Suisse s'est poursuivie au deuxième trimestre, la progression ralentissant cependant quelque peu au regard du début d'année. Portée par le bond des dépenses de consommation et malgré une création de valeur fléchissant dans l'industrie manufacturière, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,3% au regard de la croissance de 0,5% affichée entre janvier et fin mars.

En variation annuelle, le PIB de la Suisse a crû de 2,8% pendant le trimestre sous revue, après avoir augmenté de 4,7% au cours des trois premiers mois de l'année, un chiffre revu à la hausse par rapport aux 4,4% annoncés fin mai. Le retour à une situation normale du point de vue sanitaire début avril a sonné la fin de la plupart des mesures destinées à lutter contre le coronavirus, explique lundi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

Les chiffres du Seco sont conformes aux attentes des économistes sondés par l'agence AWP. Les prévisionnistes anticipaient un croissance du PIB entre 0,2% et 0,5% par rapport au trimestre précédent.

Secteur très touché par ces dernières, les services ont particulièrement bénéficié de l'embellie, l'hôtellerie-restauration enregistrant la plus forte progression (+12,4%). Le tourisme international a continué son redressement jusqu'à la fin du 2e trimestre, tirant notamment profit du retour des clients européens et américains. Reste que le niveau de création de valeur dans l'hébergement et la restauration a malgré tout affiché un repli de 10% par rapport à l'avant-crise.

Services financiers à la peine

Dans le secteur des arts, spectacles et activités récréatives (+1,4%), la valeur ajoutée a également augmenté après la suppression des mesures sanitaires. Mais là aussi, la production présentait encore un repli de 17% par rapport à la situation avant l'éclatement de la pandémie.

Reflet du retour progressif de la mobilité de la population, le secteur des transports et communications a lui aussi connu une évolution positive (+4,4 %), pour s'établir à environ 3% au-dessus de son niveau d'avant-crise.

Seules deux branches des services ont subi une baisse de leur production entre avril et fin juin: les services financiers (-1,5%) et le commerce (-2,1%), ce dernier surtout en raison de l'évolution du commerce de détail des denrées alimentaires et du commerce de gros. La croissance quasi générale du secteur des services s'est accompagnée d'une hausse des exportations de services (+5,0%).

La levée des mesures liées au coronavirus a dopé la consommation privée (+1,4%), après une évolution timide au semestre d'hiver. Les ménages ont surtout davantage dépensé dans l'hôtellerie-restauration et d'autres services. Négatifs au trimestre précédent, les investissements en biens d'équipement (+2,6%) ont nettement progressé.

Forte demande intérieure

Au final, la hausse de la demande intérieure a été forte et s'est accompagnée d'une solide croissance des importations (+2,1 %). Les investissements dans la construction ont cependant de nouveau reculé (-0,2%), reflet de l'évolution négative de la construction (-1,7%). Il s'agit de la seule composante de la demande intérieure à s'être contractée au 2e trimestre.

Dans l'industrie manufacturière, la valeur ajoutée s'est légèrement contractée (-0,5%), après avoir enregistré une croissance supérieure à la moyenne pendant sept trimestres. Cette évolution est principalement due à l'industrie chimique-pharmaceutique, où les exportations ont reculé.

En revanche, les autres activités industrielles, généralement plus sensibles à la conjoncture, ont connu une légère progression. Les exportations de marchandises5 ont fortement fléchi dans l'ensemble (-11,5%), en raison notamment de l'important recul du commerce de transit.

VP Bank relève que la situation aurait très bien pu être pire, au vu de récentes nouvelles sur le front macroéconomique. Mais contrairement au reste du monde, le thème de l'inflation est moins brûlant en Suisse, le renchérissement ayant atteint 3,5% en août, un niveau faible en comparaison internationale.

Mais une récession dans la zone euro ne serait pas sans conséquences pour la Suisse. A ce titre, le recul des exportations de 11,5% au 2e trimestre représente un signal d'alerte, alors que l'économie mondiale s'apprête à vivre des mois d'hiver difficiles.

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