72% de progression en 2024. Ce n’est ni la performance de Microsoft ni celle d’Amazon ou Meta mais bien celle de Walmart, qui fait donc mieux que 6 des 7 magnifiques sur l’année écoulée. Seul Nvidia a su « tenir son rang » avec 171% de gains. Une performance surprenante pour le grand retailer du monde, et qui fait les affaires d’Alice Walton, fille du fondateur et désormais femme la plus riche du monde, avec une fortune estimée par Forbes à 99.9 milliards de dollars.
Walmart est l’entreprise qui réalise le chiffre d’affaires le plus important au monde avec presque 650 milliards de dollars en 2024. Le groupe compte environ 10 000 magasins et 2 100 000 employés à travers le monde. Autant dire qu’organiser des séminaires annuels relève du casse-tête.
Relais de croissance
Walmart est donc la plus grande chaine de supermarchés du monde. Un business à priori largement à maturité. Malgré ce statut, le groupe arrive à trouver des relais de croissance, grâce à son approche omnicanale. Les ventes à magasins comparables (les « comp sales » en bon français) ne progressent que de 4.4% sur les 9 premiers mois de 2024. Mais l’activité de commerce en ligne croit de plus de 20% sur cette même période. Et les consommateurs sont prêts à payer davantage pour des livraisons express. 30% des clients ont activé l’option au cours des deux derniers trimestres.
Walmart diversifie aussi ses revenus grâce à des activités aux marges plus élevées que le business traditionnel. D’abord, les programmes d’adhésion de son club-entrepôt, Sam’s Club, concurrent direct de Costco. Une activité en croissance à deux chiffres. Ensuite, la publicité sur sa marketplace, qui affiche une croissance de 28% sur le dernier trimestre.
Walmart et le reste du monde
Walmart offre donc à ses clients une expérience globale. Ce qui l’aide à encore gagner des parts de marché. Notamment sur le segment de clientèle le plus aisé. Sur le dernier trimestre, le directeur financier indiquait que 75% des gains de parts de marché venaient de consommateurs avec des revenus de plus de 100 000 dollars par an.
Les consommateurs à bas revenus privilégient également Walmart. En témoignent les difficultés des enseignes discount Dollar Tree et Dollar General. Deux groupes dont le titre a perdu plus de 40% en 2024. Target, plus exposé à la consommation discrétionnaire que Walmart, est aussi en difficulté. L’entreprise a chuté de 20% après ses résultats du troisième trimestre. Tous ces groupes font les frais de l’inflation. Le consommateur se recentrant sur la consommation alimentaire et la recherche d’un bon rapport qualité/prix. Le rouleau compresseur Walmart continue donc d’éparpiller façon puzzle la concurrence.
Branché sur le consommateur américain
Un autre point fort est l’exposition géographique ; environ 80% du chiffre d’affaires est réalisé aux Etats-Unis. C’est la zone où le consommateur est le plus dynamique. Mais Walmart se développe aussi à l’étranger ; notamment en Inde, au Mexique et en Chine. Le chiffre d’affaires à l’international a augmenté de 8% au dernier trimestre.
La forte exposition domestique peut aussi représenter un risque. Notamment si l’administration Trump met en place des tarifs. En effet, des hausses de droits de douane se traduiraient par une augmentation des prix pour le consommateur. Mais Walmart travaille déjà à la diversification des chaines d’approvisionnement et deux tiers de ses produits sont faits ou assemblés aux Etats-Unis ; réduisant ainsi l’impact de potentiels tarifs.
L’excellence à tout prix ?
Walmart jouit d’un solide statut de numéro un et de tout ce qui va avec : avantage pour négocier les prix, référence du marché, excellente chaîne logistique, programme de fidélité bien développé. Et d’un excellent track record. Depuis 2014, les revenus ont grimpé de 33% avec des marges stables et supérieures à la moyenne du secteur. Par rapport à ses pairs, Walmart affiche également une meilleure croissance des ventes, un plus faible niveau de dette et un meilleur ratio de distribution de dividendes.
Dans les années à venir, Walmart prévoit d’ouvrir 150 magasins. Les ventes à magasins comparables devraient continuer de croitre à un chiffre (low to mid single-digit) tandis qu’un meilleur mix produit et une supply chain plus efficiente devraient permettre d’améliorer les marges. Des perspectives bien meilleures que ses concurrents, en particulier sur les marges. Ce qui rend Walmart incontournable aux yeux des investisseurs. C’est le leader incontesté et incontestable d’un secteur lui-même défensif. Une sorte de valeur refuge de la cote américaine.
Mais l’excellence a un prix. En 2024, le cours de Bourse de Walmart a progressé de 72%. Dans le même temps, le résultat d’exploitation n’a progressé que de 10%, et devrait progresser de 9% en 2025. Il y a donc eu une expansion significative des multiples de valorisation. Nous sommes passés de 29 fois les bénéfices (P/E forward) début 2024 à 38 fois désormais. Dans le même secteur, seul Costco, leader des clubs-entrepôts et donc concurrent direct de Sam’s Club, a une valorisation plus élevée, à 50 fois les bénéfices. Là encore, Walmart joue dans la cour des 7 magnifiques. Ou des BATMMAAN comme on dit maintenant. Mais bon courage pour trouver un nouvel acronyme.