Les responsables de la Réserve fédérale américaine ont déclaré mardi que la hausse des droits de douane sur les importations américaines entraînerait une augmentation des prix, la principale inconnue restant de savoir si ce choc inflationniste sera passager ou plus durable.

« Ce que nous avons entendu, c'est que l'impact des droits de douane ne s'est pas encore pleinement reflété dans les chiffres. Il y a eu beaucoup d'anticipation, de constitution de stocks et ce genre de stratégies. Mais de plus en plus d'entreprises nous disent que ces stratégies... arrivent à leur terme », a déclaré Raphael Bostic, président de la Fed d'Atlanta, en marge d'une conférence en Floride.

« Si ces stratégies pré-tarifaires sont effectivement épuisées, nous devrions bientôt observer des changements de prix, et nous verrons alors comment les consommateurs réagiront », a ajouté M. Bostic, qui estime désormais que la banque centrale américaine devra attendre plus longtemps avant d'obtenir une vision claire de l'orientation de l'économie et de modifier ses taux d'intérêt.

« Nous devrions attendre de voir où va l'économie avant de prendre une décision définitive », a poursuivi Bostic, qui anticipe à présent une unique baisse du taux directeur de la Fed de 0,25 point cette année, suivie de plusieurs mois d'attentisme pour observer les effets des politiques de l'administration Trump.

Jusqu'à présent, l'impact principal semble se manifester dans les enquêtes de confiance, qui montrent que ménages et entreprises sont moins optimistes quant à l'avenir économique et anticipent une inflation plus forte.

Dans une interview accordée mardi à Bloomberg Television, Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche, a contesté l'idée que les droits de douane imposés jusqu'ici, et ceux susceptibles de l'être dans les prochaines semaines, entraîneraient une inflation significative.

« Nous avons instauré des droits de douane depuis le premier jour de cette administration », a rappelé M. Miran, tout en soulignant qu'il n'y a « pas eu d'impact significatif sur l'inflation », les derniers indices des prix à la consommation ayant été inférieurs aux attentes.

Cependant, les responsables de la Fed et plusieurs analystes estiment que l'effet ne s'est pas encore répercuté dans l'économie.

Walmart, premier distributeur mondial et important importateur de produits chinois, a annoncé la semaine dernière que des hausses de prix étaient à prévoir, une déclaration qui a aussitôt été contredite par le président Donald Trump.

« Nous contrôlons ce que nous pouvons contrôler », a déclaré Doug McMillon, PDG de Walmart, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe. Même en réduisant les droits de douane sur les produits chinois à 30 % - comme l'administration l'a fait récemment en renonçant à un taux exorbitant de 145 % -, « cela se traduira par des prix plus élevés », a-t-il assuré.

ATTENTES EN MATIÈRE D'INFLATION

La période d'attente pourrait se prolonger pour les responsables de la Fed. La banque centrale maintient depuis décembre son taux directeur dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 %, mais estime qu'il restera difficile de prévoir l'évolution de l'économie tant que la question des droits de douane et d'autres politiques ne sera pas définitivement tranchée - et qu'un délai suffisant ne se sera pas écoulé pour en mesurer l'impact.

Dans un discours prononcé mardi devant l'Economic Club of Minnesota, Alberto Musalem, président de la Fed de Saint-Louis, a indiqué que la priorité de la banque centrale devait être d'empêcher une hausse des anticipations d'inflation. Pour ce faire, il sera essentiel de déterminer si les augmentations de prix à venir sont ponctuelles ou risquent de s'installer dans la durée.

Les projets de droits de douane ont certes été revus à la baisse, mais « ils semblent néanmoins susceptibles d'avoir un impact significatif sur les perspectives économiques à court terme », a souligné M. Musalem, évoquant des « effets directs ponctuels sur les prix des biens importés finis, des effets indirects sur les prix des biens et services produits localement, et potentiellement des effets de second tour sur l'inflation ».

Prétendre d'emblée que ces effets s'estomperont d'eux-mêmes « fait courir le risque de sous-estimer leur ampleur et leur persistance », a-t-il mis en garde, ce qui pourrait provoquer de nouveaux problèmes inflationnistes à l'avenir.