Zurich (awp) - Watches of Switzerland a vu son chiffre d'affaires augmenter lors de son exercice 2020 décalé. Le détaillant britannique de montres de luxe, affecté par la fermeture de ses boutiques au Royaume-Uni et aux Etats-Unis en raison du coronavirus, a annulé ses objectifs pour l'exercice en cours.

Le distributeur de montres Rolex, Patek Philippe ou Breitling a vu ses revenus grimper de 5,9% à 819,3 millions de livres (soit 973,3 millions de francs suisses) au titre de l'exercice 2020 clos le 26 avril dernier, selon le communiqué publié jeudi. C'est supérieur à la fourchette annoncée récemment entre 809 et 812 millions, grâce notamment au commerce en ligne.

La majorité des recettes provient du Royaume-Uni (591,6 millions de livres). Les Etats-Unis ont rapporté 227,7 millions. Le groupe s'attend à un Ebitda ajusté entre 75 et 78 millions de livres.

L'entreprise cotée à Londres a dû fermer ses boutiques américaines le 19 mars et les britanniques le 23. Mais les ventes en ligne ont été boostées durant le confinement, gonflant de 45,8% pendant ces six semaines par rapport à l'an dernier. "Malgré les défis actuels, la demande de montres de luxe est restée forte et les performances des ventes en ligne ont dépassé nos attentes", a précisé le directeur général Brian Duffy dans le document.

De nouvelles marques Richemont en ligne

Le groupe vend désormais en ligne des marques disponibles jusqu'ici en magasin, s'appuyant sur les "partenariats de longue date avec les marques de montres suisses les plus prestigieuses". Les garde-temps Panerai, marque du groupe Richemont, "marchent très bien", a précisé le patron lors d'une interview avec AWP. Jaeger-LeCoultre mais aussi Vacheron Constantin (Richemont) sont aussi accessibles par internet. En revanche, Rolex, qui représente la moitié des recettes du groupe, n'a pas franchi le pas.

"De nouveaux clients vont en ligne, il y a une hausse du trafic", a-t-il assuré. Les clients sont aussi prompts à dépenser davantage sur ce canal, comme dernièrement pour une montre dépassant les 40'000 francs suisses. "Ils connaissent et font confiance aux détaillants", a expliqué Brian Duffy. La demande en garde-temps de luxe excède toujours l'offre, selon Watches of Switzerland.

Aux Etats-Unis, le groupe a commencé à rouvrir des boutiques dans des centres commerciaux en Géorgie et en Floride. La fréquentation est moindre, mais le CEO s'attend à ce que la demande en montres de luxe soit seulement "décalée". Au Royaume-Uni, les boutiques devraient rouvrir en juin. Par la suite, si les clients hésitent à se déplacer, le groupe mise sur le numérique, avec des préventes, mais aussi des prises de rendez-vous. "Nous devons être créatifs", a assuré le dirigeant.

Face à de nombreuses études qui pointent la baisse de la consommation de produits de luxe, Brian Duffy se montre confiant, pariant sur le tourisme entre Etats américains "qui va reprendre" et la "consommation domestique" au Royaume-Uni.

Le dette nette de Watches of Switzerland atteignait, au 26 avril, 131,4 millions de livres. Face à la pandémie, le groupe a obtenu un prêt gouvernemental pour l'interruption de ses activités de 45 millions de livres. Au 13 mai, les liquidités après refinancement du détaillant s'élevaient à environ 83 millions de livres.

En raison de l'incertitude liée au coronavirus, les objectifs pour l'exercice 2021 ne sont plus valables. Le groupe estime disposer d'une "marge de manoeuvre financière suffisante pour poursuivre ses activités dans un scénario de fermeture continue des magasins et de baisse du moral des consommateurs pendant une période prolongée". Le conseil d'administration et des cadres ont sabré temporairement leur salaire de 25%.

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