Avec un cours multiplié par 50 depuis 20 ans et par 12,5 depuis 10 ans, l’ex-Solucom est l’une des plus belles valeurs moyennes de la cote parisienne. Un succès que l’on doit au savant mélange de croissance interne et externe tout en maîtrise, en témoigne la profitabilité opérationnelle qui a rarement déçu et même atteint un nouveau record sur l’exercice 2021/22, à 15,9%. Wavestone se fixe les objectifs suivants à horizon 2025 : franchir un nouveau cap de croissance et viser un chiffre d’affaires de 750 M€, internationaliser le cabinet avec 5 clients non français dans son Top 20, et faire partie des 5% des entreprises les plus performantes en matière de RSE. Rencontre avec Pascal Imbert, fondateur du Groupe il y a 32 ans.   

Pascal Imbert, Wavestone vient de publier des résultats annuels records, tout en adoptant un ton prudent sur le début du nouvel exercice alors qu’un nouveau cycle de croissance semblait se dessiner il y a encore quelques mois. Quels signaux vous incitent à la prudence  

" Toujours très confiants sur nos perspectives à moyen terme et sur l’atteinte de nos objectifs 2025, nous trouvons assez difficile actuellement de nous projeter à court terme compte tenu de l’évolution de l’environnement économique et des répercussions du conflit en Ukraine. A ce stade, notre carnet de commande se maintient à des niveaux records et mis à part le ralentissement des signatures de la part de nos clients du secteur public compte tenu de l’affaire McKinsey, nous n’observons pas de signe concret de ralentissement. Nous restons cependant très vigilants sur l’attentisme dont pourraient faire preuve certains de nos clients, notamment dans les secteurs du transport et de l’automobile. D’où notre projection plutôt prudente d’une croissance organique de l’ordre de 6% cette année, soit un peu moins que les 7-8% modélisés dans la trajectoire de notre plan Impact à horizon 2025. Wavestone renforce actuellement son action commerciale afin de mieux parer à ce possible ralentissement. "

Compte de résultat simplifié de Wavestone (source : CP société) 

Comment comptez-vous contenir l’inflation salariale à 1% ou 2% cette année compte tenu du contexte économique et de la pénurie de talents ? Quelle progression des prix de vente escomptez-vous ? 

" Cela reste effectivement notre scénario central pour l’année 2022/23 et cela tient au rajeunissement de la pyramide des âges de nos collaborateurs. En effet, nous avons beaucoup recruté récemment alors que nous avions stoppé les recrutements courant 2020. Parallèlement, Wavestone vise une progression du même ordre de ses prix de vente en 2022/23. Là aussi, nous bénéficions d’un effet de base favorable après une baisse de 4% en 2020 et une légère progression de nos tarifs à périmètre constant en 2021. Il est clair que si les indices d’inflation des prix actuels venaient à perdurer, nous devrions revoir ces taux d’inflation salariale à la hausse. " 

Lors de votre précédente interview à Zonebourse en mai 2019 vous indiquiez envisager une nouvelle acquisition structurante à l’image de Kurt Salmon en 2015. Plus récemment, vous avez plutôt indiqué que le passage des 470 M€ de CA actuel à 750 M€ de CA en 2025 passerait plutôt par une multitude de petites acquisitions…Cela exclut-il le scénario d’une opération majeure ? 

" Notre plan 2025 intègre 130 à 150 M€ d’acquisition, majoritairement à l’international. Cela représenterait déjà une accélération par rapport aux dernières années. Ce chiffre d’affaires acquis devrait effectivement plutôt être constitué d’acquisitions de cabinets de conseil de petite à moyenne taille, avec un faible risque d’intégration. Nous restons très ouverts aux opérations transformantes en Europe, notamment au Royaume-Uni, mais la probabilité de réalisation de ce type d’acquisition à des conditions de prix raisonnable est trop faible pour que nous l’intégrions dans les objectifs de notre plan stratégique. " 

Source : présentation société, juin 2022 

D’où viennent vos difficultés aux Etats-Unis où les près de 40 M€ de chiffre d’affaires réalisés sont en très légère perte ? 

" La difficulté y est essentiellement d’ordre commercial car le marché y reste porteur. Forts d’un nouveau responsable de zone issu de l’interne, nous sommes en train d’adapter notre organisation et d’aligner les différentes équipes présentes outre-Atlantique. Nous devrions voir la profitabilité tendre vers les niveaux normatifs du groupe dans le courant de l’exercice 2022/23. " 

La RSE a une place très importante chez Wavestone. Pouvez-vous nous donner un ou deux exemples concret et originaux pour illustrer votre démarche ? 

" Je pense à l’engagement sociétal de nos talents à travers le mécénat de compétence auquel nous consacrons 1% du temps de travail de nos collaborateurs. Par ailleurs, dans le cadre des missions que nous réalisons pour nos clients, nous intégrons de plus en plus, à notre charge, les dimensions environnementales et sociales des entreprises clientes, même si elles n’en font pas la demande. Sachant que pour les missions totalement consacrées à ces sujets, nous nous sommes rapprochés début 2022 du cabinet spécialisé Nomadéis pour devenir un acteur majeur du conseil en développement durable. Enfin, dans le cadre de la définition d’une trajectoire alignée avec le Net-Zero Standard SBTi, nous mettons en place toute une série d’initiatives limitant nos déplacements, nous poussant à changer de locaux et à acheter uniquement de l’énergie certifiée verte, un bilan carbone annuel étant réalisé avec des réductions projetées de l’ordre de -50% et un mécanisme de compensation des émissions résiduelles."

Source : présentation société, juin 2022