New York (awp/afp) - Les grands établissements de Wall Street ont dégagé des bénéfices en forte hausse en 2021 grâce à un impact de la pandémie moins sévère que redouté et les activités solides de leurs banques d'affaires, même si quelques éléments se sont assombris en fin d'année.

JPMorgan Chase a gagné 48,3 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année, un record. Citi a vu son bénéfice net doubler à 22 milliards tandis que celui de Wells Fargo a été multiplié par six, à 21,5 milliards de dollars.

La performance a toutefois été un peu moins bonne au quatrième trimestre pour JPMorgan Chase et Citi, leur bénéfice net reculant respectivement de 14% et 26% en raison de dépenses opérationnelles plus élevées.

Ces grandes banques ont réduit tout au long de l'année les sommes mises de côté au début de la pandémie pour couvrir les éventuels impayés des particuliers et entreprises.

Renfloués par les aides du gouvernement et les injections massives de la banque centrale américaine (Fed) dans l'économie, leurs clients ont en fait majoritairement conservé une bonne santé financière.

"L'économie continue de bien se porter malgré les difficultés liées au variant Omicron, à l'inflation et aux goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement", a souligné le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, dans un communiqué.

Dans sa banque, les dépenses des particuliers sur leurs cartes de débit et de crédit ont encore augmenté de 26% au quatrième trimestre tandis que leurs dépôts ont progressé de 20%. Chez Citi, les volumes de dépenses sur les cartes de crédit ont aussi grimpé de 20%.

Leurs clients ont également moins emprunté.

Au quatrième trimestre, le montant total des prêts accordés aux particuliers et petites entreprises était encore en baisse de 1% chez JPMorgan tandis que les clients de Citi ont continué à rembourser plus activement qu'habituellement leurs dettes.

Sur l'ensemble de l'année, les banques ont par ailleurs fait face à des bas taux d'intérêt, qui limitent l'argent qu'elles peuvent gagner sur les sommes qu'elles prêtent.

Les bas taux d'intérêt et les liquidités injectées par la Fed ont en revanche incité de nombreuses entreprises à engager de grandes manoeuvres.

Les banquiers apportant des conseils aux sociétés souhaitant lever de l'argent ou effectuer des opérations de fusions-acquisitions ont été particulièrement actifs. Au quatrième trimestre, leurs commissions ont encore bondi de 43% chez Citi, de 37% chez JPMorgan.

Les activités liées aux marchés financiers, qui avaient été particulièrement volatiles en 2020, ont pour leur part baissé en fin d'année.

Inflation

Sur l'ensemble de 2021, le chiffre d'affaires de JPMorgan a augmenté de 1% pour atteindre 121,65 milliards de dollars, celui de Citi a reculé de 5% à 71,9 milliards de dollars, et celui de Wells Fargo a progressé de 6% à 78,5 milliards de dollars.

Wells Fargo, plombée pendant plusieurs années par le scandale de la création de comptes fictifs, a aussi tiré son épingle du jeu au quatrième trimestre, avec un chiffre d'affaires en hausse de 13% et un bond de son bénéfice net de 86%.

En Bourse, les résultats étaient accueillis de façon contrastée.

Wells Fargo grimpait à la mi-séance de 3% tandis que Citi reculait de 2,6% et que JPMorgan chutait de 5,8%.

C'est en partie un rattrapage après une remontée du secteur bancaire à Wall Street ces dernières semaines, alimentée par l'anticipation d'une hausse des taux d'intérêt de la Fed en 2022.

Certains points ont aussi déçu les analystes, dont la baisse plus forte que prévu du courtage de produits financiers à revenus fixes comme les obligations, indique Gregori Volokhine, gérant de portefeuille chez de Meeschaert Financial Services.

La banque JPMorgan a par ailleurs prévenu qu'elle n'allait peut-être pas atteindre à court terme son objectif sur un élément clé de rentabilité (le retour sur fonds propres tangibles) en raison de plusieurs défis, dont une hausse des dépenses plus forte que prévu à cause des pressions inflationnistes, sur les salaires notamment.

Pour le directeur financier de Citi, Mark Mason, l'inflation est un élément à surveiller de près, "surtout si cela se transforme en une envolée des salaires ou des prix". Mais pour l'instant, a-t-il ajouté lors d'un briefing avec des journalistes, la demande des consommateurs reste élevée.

Wells Fargo a de son côté observé un léger ralentissement des achats dans les restaurants, voyages et loisirs depuis l'apparition du variant Omicron, a souligné son patron Charles Scharf lors d'une conférence téléphonique. Mais les dépenses dans leur ensemble restaient encore "solides" début janvier, a-t-il affirmé.

afp/rp