New York (awp/afp) - Wall Street, malgré des chiffres solides sur l'économie américaine, était de nouveau en proie à une forte anxiété vendredi face à la propagation du nouveau coronavirus.

Vers 15H00 GMT, l'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones Industrial Average, cédait 3,12%, à 25.305,84 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, reculait de 3,24%, à 8.455,78 points.

Le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, perdait 3,40%, à 2.921,27 points.

Les investisseurs continuaient en revanche à se ruer sur les produits financiers considérés comme des valeurs refuges, dont la dette des Etats-Unis. Signe d'une très forte demande, le taux sur les obligations américaines à 10 ans a plongé pour la première fois sous le seuil des 0,7%.

Sur des montagnes russes depuis le début de la semaine, la Bourse de New York s'était déjà retrouvée sous forte pression jeudi alors que les investisseurs peinent à évaluer les conséquences économiques de l'épidémie: le Dow Jones avait chuté de 3,58% et le Nasdaq de 3,10%.

Vendredi, ni les bons chiffres sur la santé de l'économie américaine, ni les exhortations du président américain, n'ont permis de rasséréner les courtiers de Wall Street.

L'économie américaine a pourtant une nouvelle fois fait la preuve de sa solidité en février avec la création de 273.000 nouveaux emplois, contredisant les attentes des économistes qui tablaient sur un ralentissement.

Le taux de chômage est tombé à 3,5%, le niveau le plus bas en 50 ans.

Le déficit commercial américain a de son côté baissé de 6,7% en janvier sous l'effet d'une nette diminution des importations de biens en provenance du Canada et de Chine.

Alors qu'il ratifiait depuis la Maison-Blanche un plan d'urgence de 8,3 milliards de dollars destiné à financer la lutte contre le coronavirus qui se propage aux Etats-Unis, Donald Trump s'est dit convaincu que "les marchés (allaient) rebondir".

Il a aussi appelé la banque centrale américaine (Fed), qui a en urgence décidé mardi d'abaisser ses taux d'un demi-point de pourcentage, à encore les diminuer.

"Toutes les données (sur l'économie américaine diffusées vendredi) concernent une période précédant l'impact du coronavirus, les marchés vont donc largement les ignorer", analyse Paul Ashworth, de Capital Economics.

"Alors que le taux sur la dette à 10 ans continue à plonger à des niveaux inédits et que le marché des actions se retrouve de nouveau sous pression, on peut commencer à se demander si la Fed peut vraiment attendre sa prochaine réunion mi-mars pour décider d'une nouvelle baisse des taux", remarque-t-il.

Baisse de la consommation

"Ce qui a commencé comme un choc d'approvisionnement en Chine s'est transformé en quelque chose de beaucoup plus grave", rappelle de son côté Ben May de Oxford Economics.

"La fragilité des marchés financiers et les perturbations de la vie quotidienne dans le monde vont, en plus des perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale, entraîner une baisse des dépenses de consommation et des investissements", anticipe-t-il.

Le secteur de la finance, qui pâtit des taux bas, souffrait encore particulièrement vendredi, le sous-indice le représentant au sein du S&P 500 perdant 4%.

Bank of America lâchait 4,31%, Citigroup 3,95% et Wells Fargo 5,48%.

JPMorgan Chase, dont le PDG Jamie Dimon est en convalescence après avoir été opéré du coeur en urgence jeudi, reculait de 4,93%.

Starbucks, qui a annoncé une chute de 78% de ses ventes en Chine en février liée à la fermeture de nombreux magasins en raison du coronavirus, lâchait 4,24%.

Parmi les autres valeurs du jour, Gap cédait 1,12% au lendemain de la nomination de Sonia Syngal, qui dirigeait auparavant la filiale Old Navy, au poste de directrice générale de l'entreprise. Elle remplace Robert Fisher, qui avait pris le poste par intérim après le départ d'Art Peck.

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