Le ministère américain de la Justice (Department of Justice, ou DoJ) a déposé hier mercredi une plainte antitrust au civil afin de bloquer le projet d'acquisition du courtier irlandais Willis Towers Watson (WTW) par Aon, pour un montant de 30 milliards de dollars. Selon la plainte déposée auprès du tribunal fédéral du district de Columbia, cette fusion menacerait "d'éliminer la concurrence, d'augmenter les prix et de réduire l'innovation pour les entreprises, les employeurs et les syndicats américains qui dépendent de ces services importants".

Cette action "démontre l'engagement du ministère de la Justice à mettre fin aux consolidations nuisibles et à préserver la concurrence qui profite directement et indirectement aux Américains dans tout le pays", a déclaré le procureur général Merrick B. Garland.

"Les entreprises et les consommateurs américains comptent sur la concurrence entre Aon et Willis Towers Watson pour faire baisser les prix de services essentiels, tels que le conseil en matière de santé et de retraite. Permettre à Aon et Willis Towers Watson de fusionner réduirait cette concurrence vitale et laisserait les clients américains avec moins de choix, des prix plus élevés et des services de moindre qualité."

La fusion entre Aon et Willis Towers Watson, annoncée en mars dernier, combinerait deux des trois membres du "Big Three" du courtage en assurance (le troisième étant Marsh & McLennan, le plus gros de tous avec un chiffre d'affaires de 17,22 milliards de dollars en 2020). Comme l'allègue la plainte, les deux groupes opèrent "dans un oligopole" et "auront encore plus de poids lorsque l'accord avec Willis sera conclu".

Dans un communiqué commun, Aon et WTW, qui se sont engagés à des désinvestissements - jugés insuffisants par le DoJ - afin de satisfaire aux réglementations antitrust, ont déploré cette plainte qui, selon eux, "reflète un manque de compréhension de [leur] activité, des clients [qu'ils servent] et des marchés sur lesquels [ils opèrent]".

"Aon et Willis Towers Watson opèrent dans de vastes secteurs concurrentiels de l'économie et notre projet de regroupement accélérera l'innovation pour le compte des clients, expliquent les deux courtiers, créant ainsi un plus grand choix sur un marché déjà dynamique et concurrentiel".

"Bien que ce projet de regroupement n'ait pas été élaboré dans l'optique de la pandémie, l'impact de celle-ci souligne la nécessité de faire face à des risques systémiques similaires, notamment les cybermenaces, le changement climatique et l'écart croissant entre la santé et la richesse, que notre entreprise combinée sera mieux à même de traiter", ont-ils ajouté.