Berlin (awp/afp) - Le procès de la faillite retentissante de la société de paiement Wirecard, considérée comme le plus grand scandale financier ayant touché l'Allemagne, s'ouvrira le 8 décembre à Munich, a annoncé mercredi le tribunal.

Cerveau présumé de cette affaire, l'ancien PDG autrichien Markus Braun, actuellement détenu, sera le principal accusé, aux côtés de deux anciens cadres.

Ils sont poursuivis pour une série de délits passibles de prison, incluant celui de fraude en bande organisée, liés à la faillite en 2020 de la société de paiements numériques alors cotée à la Bourse de Francfort.

Une centaine d'audiences étalées jusqu'en 2024 sont d'ores et déjà prévues pour ce procès-fleuve.

Fleuron de la finance numérique s'étant hissé parmi les valeurs de l'indice Dax, qui regroupe l'élite boursière allemande, Wirecard s'est effondré en juin 2020 lorsque ses dirigeants ont avoué que 1,9 milliard d'euros d'actifs, soit un quart de la taille du bilan, n'existaient pas en réalité.

Cette faillite a constitué "le plus grand scandale financier" ayant jamais touché le pays, avait reconnu le ministre des Finances de l'époque, Olaf Scholz, aujourd'hui chancelier d'Allemagne.

Le trio est accusé de fraude comptable, de manipulation de marché, d'abus de confiance particulièrement graves et d'escroquerie en bande organisée.

Les deux autres prévenus sont Stephan von Erffa, ancien chef comptable de Wirecard et Oliver Bellenhaus, ancien directeur d'une filiale de Wirecard basée à Dubaï.

Les recherches se poursuivent en revanche pour localiser le bras droit de M. Braun, Jan Marsalek, en fuite depuis 2020.

Cet ancien responsable financier de l'entreprise est soupçonné d'avoir bénéficié de complicités au sein de certains services secrets et d'être lié à des intérêts russes. Selon une récente investigation journalistique internationale, il vit réfugié en Russie.

L'enquête pénale a révélé que les bilans de Wirecard pour les années 2015 à 2018 étaient incorrects et ne reflétaient pas de façon exacte la situation du groupe, selon l'accusation.

Explication: une partie des produits comptabilisés, basés sur des services de paiements, ne provenaient pas de Wirecard mais de tiers, en raison de l'absence de licences propres ou parce que ces tiers exerçaient des activités à haut risque telles que la pornographie ou les jeux d'argent.

Le but était de faire apparaître l'entreprise plus saine et performante qu'elle ne l'était en réalité.

L'affaire Wirecard avait mis à mal la réputation de sérieux de la place financière allemande, éclaboussant également les organismes de supervision qui n'avaient pas décelé les manipulations.

Le scandale a notamment coûté son poste au patron du gendarme allemand de la finance, la Bafin et des réformes pour renforcer ses règles de surveillance ont été mises en oeuvre.

afp/ck