Francfort (awp/afp) - Le superviseur allemand du secteur financier Bafin a déclaré lundi que le bilan 2019 du géant de l'immobilier allemand Adler, dans la tourmente après des accusations de fraude, était surévalué d'au moins 170 millions d'euros.

Les comptes d'Adler Real Estate AG clos en décembre 2019 "sont incorrects", a indiqué le superviseur Bafin, habilité depuis janvier à contrôler directement les comptes jugés suspects de certaines entreprises.

En 2019, le superviseur avait été éclaboussé par la faillite scandaleuse de la fintech Wirecard précipitée par un trou de près de 2 milliards dans sa comptabilité, sans que la Bafin ni les auditeurs de l'époque ne s'en rendent compte.

Chez Adler, un projet immobilier dénommé "Glasmacherviertel" à Düsseldorf (ouest) "a été évalué à 375 millions d'euros et a donc été surévalué d'au moins 170 millions d'euros et d'au plus 233 millions d'euros", juge le superviseur.

Cette communication pourrait avoir des suites, avec une éventuelle correction du bilan de l'entreprise jusqu'à la transmission du dossier à la justice pénale, a précisé une porte-parole de la Bafin à l'AFP.

A la Bourse de Francfort, Adler Group SA, la holding luxembourgeoise qui détient majoritairement Adler Real Estate AG, cédait près de 5% à 3,28 euros après le communiqué.

Le titre s'est effondré de près de 90% depuis le printemps 2021 et les premières accusations de fraude véhiculées par la société américaine Viceroy Research qui mène des enquêtes indépendantes sur des pratiques douteuses de la part des grandes entreprises.

Adler Group SA "ne partage pas l'opinion de la Bafin" et "maintient que les états financiers consolidés pour l'année 2019" d'Adler Real Estate AG "sont tout à fait corrects", selon un communiqué lundi.

La holding veut entamer tous les "recours juridiques" possibles "pour faire avancer les clarifications", ajoutant mener un "dialogue bon et constructif" avec la Bafin malgré les désaccords.

L'audit des comptes consolidés d'Adler des exercices 2019 à 2021 est toujours en cours, a précisé la Bafin.

En mai, Adler avait annoncé que les auditeurs légaux de KPMG avaient refusé de certifier les comptes de l'exercice 2021, provoquant une curée en Bourse et la décision de la Bafin de lancer son propre audit.

Le sauve-qui-peut des investisseurs risque de se poursuivre tant que ces bilans ne sont pas certifiés.

afp/rp