Paris (awp/afp) - Le spécialiste du paiement Worldline a annoncé jeudi une perte nette de 29 millions d'euros au premier semestre, dans un contexte macroéconomique "dégradé" entre avril et juin, et a révisé en baisse certains objectifs financiers pour cette année.
Ces annonces ont affolé les marchés: l'action Worldline a plongé de 15,33% à 8,89 euros, après avoir touché 8,39 euros, du jamais vu depuis l'introduction de la société en Bourse il y a 10 ans.
Les analystes de Jefferies se sont dit jeudi "préoccupés par le positionnement concurrentiel" de l'entreprise face à ses concurrents étrangers, le néerlandais Adyen et l'américain Stripe, autrement mieux valorisés.
Au premier semestre 2023, l'ancienne filiale d'Atos avait dégagé un bénéfice net de 81 millions d'euros, mais sur l'ensemble de l'année, la dépréciation de son activité principale l'avait conduite à publier une perte nette de 817 millions d'euros.
Cette année, "Worldline a réalisé de bons résultats au premier semestre malgré un contexte de consommation en Europe qui s'est progressivement tendu pendant le deuxième trimestre, après un bon démarrage au premier trimestre", a déclaré le directeur général Gilles Grapinet lors d'un point de presse.
La perte nette de 29 millions d'euros s'explique "principalement" par l'impact du "coût exceptionnel" du plan de transformation Power24 lancé en début d'année, qui s'élève à 174 millions d'euros, a précisé le groupe dans un communiqué.
Ce plan intègre un lourd volet social, avec le départ de 8% des 18.000 collaborateurs dans le monde, soit environ 1.400 personnes.
"Tous les processus sociaux sont aujourd'hui entièrement finalisés, la transformation de fond du groupe est largement engagée avec toutes nos équipes", a affirmé M. Grapinet.
Le dirigeant a aussi annoncé jeudi "revoir à la hausse l'objectif initial d'économies de coûts", "fixé désormais à 220 millions d'euros (...), soit 10% de plus qu'initialement prévu".
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Au premier semestre de l'exercice en cours, le chiffre d'affaires a progressé de 2,1% sur un an, à 2,29 milliards d'euros. Dans le détail, les services aux commerçants ont généré 1,66 milliard d'euros (+3,2%) et les services financiers 457 millions d'euros (-1,5%).
Le chiffre d'affaires des services web transactionnels a atteint 174 millions d'euros (+1%)
"Ce que nous avons observé sur nos plateformes c'est un ralentissement progressif du chiffre d'affaires des commerçants pendant le deuxième trimestre avec un point bas en juin", a souligné le directeur général, qui "reflète pour l'essentiel une détérioration de la consommation un peu partout en Europe".
Worldline est directement dépendant de la consommation puisque la société se rémunère en pourcentage du volume d'affaires de ses clients.
Compte-tenu des "incertitudes sur les dynamiques de consommation", selon M. Grapinet, Worldline a diminué certains objectifs financiers, dont la perspective de croissance organique, ramenée à une fourchette comprise entre "environ 2%" et "environ 3%" en 2024.
En octobre dernier, la révision à la baisse de la prévision de croissance du chiffre d'affaires pour 2023, à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre, avait déjà effrayé les investisseurs et déclenché une chute historique du cours de Bourse de Worldline, de l'ordre de 60%, précipitant le titre hors du CAC40 quelques semaines plus tard.
La dynamique de consommation européenne pendant le deuxième semestre 2024 est une "inconnue que nous ne maîtrisons pas", a reconnu le directeur général.
"La bonne nouvelle de ce début juillet cependant, c'est qu'autour des trois premières semaines du mois nous observons une amélioration des volumes (...) par rapport au point bas du mois de juin, ce qui est plutôt encourageant", a-t-il continué.
La société présentera le 26 novembre un nouveau plan stratégique.
Elle table notamment sur son partenariat avec le Crédit Agricole, noué en avril 2023. Les liens se sont resserrés en début d'année, à la faveur d'une montée de la banque française au capital du spécialiste du paiement.
afp/rp