WSP Global : Comment évaluer la sécurité d’un tunnel routier?

Les tunnels routiers représentent un volet important du réseau d'infrastructure. Pas étonnant, puisque ces passages souterrains réduisent le temps de déplacement et, parfois, ils permettent aussi de réunir des communautés.

La construction de tunnels est un défi d'ingénierie qui exige une expertise de pointe. Le Dr Johan Lundin, directeur des risques techniques chez WSP | Parsons Brinckerhoff en Suède, présentait récemment son travail au Symposium international sur la sécurité et la sûreté en tunnel (ISTSS), à Montréal, avec Jan Malmtorp, de l'administration suédoise des transports. Sa présentation pourrait se résumer à une question : comment évaluer et mesurer la sécurité d'un tunnel routier?

Niveaux de sécurité et élaboration de politiques

Les connaissances sur la façon d'analyser le risque dans les tunnels ont évolué considérablement au cours des dix ou quinze dernières années, et des exigences minimales de sécurité sont exigées à travers le monde.

En Europe par exemple, certains travaux doivent être réalisés d'ici 2019 sur plus de 1300 kilomètres de tunnels afin qu'ils répondent aux normes de sécurité plus élevées.

Mais comment faire pour déterminer si un tunnel est suffisamment sécuritaire? Comment établir un niveau de risque qui soit acceptable? Ces questions difficiles sont au cœur de l'évaluation du risque. Elles permettent aussi l'élaboration de politiques, et c'est dans cette perspective que l'administration suédoise des transports et WSP | Parsons Brinckerhoff ont travaillé ensemble pour proposer des cibles en sécurité pour les tunnels routiers qui équivalent à celles des routes de surface.

« Ultimement, nous voulons pouvoir dire que les routes et les tunnels offrent le même niveau de sécurité », explique Per Vedin, spécialiste en sécurité des tunnels à l'Agence suédoise du transport, qui participait également au congrès tenu à Montréal.

Quels sont les niveaux de sécurité qui sont acceptables?

Tout d'abord, l'équipe de Johan Lundin a entrepris de passer en revue les données routières des dix dernières années pour avoir un portrait complet de la situation. Le nombre d'accidents automobiles a été comparé avec le nombre de véhicules-kilomètres parcourus durant cette période sur les routes de la Suède. Ce calcul a donné un niveau moyen de risque acceptable sur les routes en termes du nombre prévu d'accidents automobiles et de mortalités par véhicule-kilomètre.

Un profil de risque a été créé pour démontrer la fréquence et les conséquences des accidents. Par la suite, l'équipe a été en mesure d'établir que les accidents automobiles dans les tunnels routiers, lorsqu'ils surviennent, ont des conséquences plus sérieuses que ceux survenant sur les routes de surface. Cela signifie que les tunnels routiers présentent de plus grands risques que les routes.

Réduire le risque d'accidents automobiles

Pour faire en sorte que le risque lié aux tunnels routiers soit équivalent à celui des routes de surface, tel que demandé par Per Vedin, il faut réduire la fréquence des accidents dans les tunnels, ou atténuer leurs conséquences, ou les deux.

La fréquence se rapporte à la prévention alors que les conséquences font référence aux réactions après un accident. Combien d'argent devrait être investi pour tenter de contrôler le risque pour qu'une telle dépense soit rentable? Sur quel plan l'investissement fera-t-il une réelle différence dans les niveaux de sécurité - dans les mesures préventives ou réactives?

L'équipe de Johan Lundin a conclu que pour atteindre les mêmes niveaux de sécurité dans les tunnels routiers et sur les routes de surface, il faut tenter de réduire la fréquence des accidents moins graves. « Les accidents ne se produisent pas par magie. Il doit y avoir présence d'un élément déclencheur et il est possible d'en faire plus pour prévenir les accidents dans les tunnels routiers », précise le Dr Lundin.

L'objectif est donc de réduire la probabilité des éléments déclencheurs (réduire la probabilité ou la fréquence des accidents) par différents moyens et méthodes, comme abaisser les limites de vitesse, installer des caméras de surveillance, aménager des voies pour gérer le flot de circulation, améliorer l'éclairage, etc.

Après avoir considéré cet aspect, il faut travailler à atténuer les conséquences des accidents. Ici, l'objectif est de s'assurer que les efforts d'atténuation sont efficaces. Par exemple, le système de ventilation doit correspondre à la taille du tunnel et au volume de circulation.

WSP | Parsons Brinckerhoff est un expert dans la sécurité et la ventilation des tunnels. Nos concepteurs disposent d'une vaste expérience dans la mise à niveau et la rénovation d'ouvrages existants pour optimiser la capacité de ventilation, créer des milieux sécuritaires et accroître la durée de vie des infrastructures.

Implications quotidiennes

Les données découlant de l'évaluation du risque peuvent démontrer quand le risque est jugé acceptable après avoir appliqué des mesures rentables pour réduire encore davantage la fréquence. La rentabilité des différentes mesures devra être analysée avant d'écarter celles-ci.

Puisque les routes (et les tunnels routiers) ne sont pas fréquentés par le même nombre de véhicules, l'usage d'une cible de sécurité basée sur des véhicules-kilomètres permet un ajustement selon l'intensité de la circulation et la longueur du tunnel.

Quoi qu'il en soit, le fait de parvenir à des méthodes et des principes sur la façon de résoudre des enjeux de cette nature et de pouvoir présenter une base pour une telle décision constitue déjà un grand pas en avant.

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