Cet engagement de la Commission nationale du développement et des réformes (NDRC) a été pris au lendemain de la publication d'une série d'indicateurs étonnamment faibles, notamment concernant la croissance de l'investissement dans le pays qui est tombée à son plus bas niveau depuis 1996.

Pour tenter de stabiliser l'environnement économique du pays, Pékin renforce ses dépenses d'infrastructure et injecte des liquidités dans le système bancaire, ce qui fait baisser le coût du crédit. L'octroi de nouveaux prêts par les banques chinoises, essentiellement publiques, a augmenté de 75% en juillet par rapport à la même période de 2017.

Mais certains observateurs craignent que les nouvelles priorités de Pékin n'entraînent un retour à une économie en surchauffe, remettant en question des années d'efforts des régulateurs pour limiter les risques qui menacent le système financier du pays et pour freiner l'accumulation de dette.

Le porte-parole de la NDRC, Cong Liang, a annoncé lors d'une conférence de presse que les nouvelles dépenses dans les réseaux routier et ferroviaire, ainsi que pour l'éducation et les soins aux personnes âgées, ne seraient pas aussi importants que dans le passé et se contenteraient de répondre aux besoins afin d'éviter de créer de nouvelles capacités excédentaires.

Les autorités chinoises espèrent également attirer des investisseurs privés pour limiter l'endettement de l'Etat, a-t-il ajouté, notant au passage que les régulateurs ont levé certaines restrictions sur la cession d'obligations spéciales des gouvernements locaux destinées à financer leurs projets.

Cong Liang a confirmé l'engagement pris par le Poliburo le mois dernier pour que la Chine atteigne son objectif de croissance de 6,5% cette année malgré la guerre commerciale.

RISQUE DE BULLES SPÉCULATIVES

Selon les analystes, cet objectif ne pourra pas être atteint sans engager de nouvelles dépenses publiques, mais Cong Liang a maintenu que le gouvernement poursuivrait son "désendettement structurel" d'une manière progressive et ordonnée.

Illustrant le risque d'alimenter des bulles spéculatives en prenant des mesures pour relancer l'économie chinoise, les dernières données sur les prix des logements neufs montrent qu'ils ont connu leur plus fort en près de deux ans en juillet.

Cong a affirmé que Pékin freinerait résolument l'inflation.

"Nous avons encore suffisamment de marge de manoeuvre pour gérer l'impact de l'escalade des frictions commerciales et d'atteindre nos objectifs de développement économique et social fixés au début de l'année", a-t-il déclaré.

Début 2018, les responsables politiques chinois ont donné la priorité à la réduction du risque et de la dette, même si cela devait mener à une croissance un peu moins forte.

Ce scénario a semblé se réaliser en début d'année, avant que la guerre commerciale n'éclate, avec un taux de croissance qui n'a que faiblement ralenti, à 6,7%, au deuxième trimestre.

Mais certains économistes revoient désormais en baisse leurs prévisions de croissance pour le deuxième semestre et l'ensemble de l'année au vu des indicateurs décevants publiés mardi.

Tout en soulignant qu'il n'attend pas d'atterrissage brutal de la deuxième économie mondiale, ING annonce dans une note avoir abaissé son estimation de croissance 2018 de 6,7% à 6,6%.

Jusqu'à présent, les données officielles montrent que les tensions commerciales ont eu un impact limité sur l'économie, et tout impact de la hausse des droits de douane sera "maîtrisable", a dit le porte-parole de la NDRC.

De nombreux gouvernements locaux ploient sous la dette depuis la relance massive engagée pendant la crise financière.

Malgré les progrès réalisés pour limiter les risques ces dernières années, la Chine figure encore parmi les économies les plus exposées au risque d'une crise bancaire, selon la Banque des Réglements internationaux (BRI).

L'endettement total en Chine a progressé de 2,7% en 2017 à 250,3% du PIB du pays, selon les données de la banque centrale.

Le ratio d'endettement des entreprises a diminué de son côté de 0,7% à 159% du PIB, sa première baisse depuis 2011, mais celui des ménages a augmenté de 4% à 55,1% du PIB.

(Kevin Yao, Juliette Rouillon pour le service français)