Zurich (awp) - Zur Rose s'est comme attendu enfoncé dans le rouge l'an dernier. Sous l'effet d'acquisitions, le grossiste thurgovien en médicaments et exploitant de pharmacies a essuyé une perte nette de 135,64 millions de francs suisses, contre un débours de 52,38 millions en 2019. Le retour à la rentabilité est désormais reporté à fin 2022, au plus tôt.

Le résultat opérationnel (Ebit) s'est aussi affiché en zone négative, la perte se creusant à 117,63 millions de francs suisses, contre une performance déjà négative à hauteur de 45,70 millions douze mois auparavant, a annoncé jeudi le groupe établi à Steckborn. Le débours au niveau de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a atteint 78,38 millions de francs suisses, contre un montant dans le rouge de 13,84 millions en 2019.

La performance de l'entreprise de Suisse orientale a souffert de nombreux effets non récurrents. Celle-ci a notamment passé dans ses comptes des charges de restructuration et des amortissements de 12,1 millions liés aux baisses de prix de produits destinés à combattre la pandémie de Covid-19, alors que les investissements consentis pour acquérir notamment les sociétés Medpex et Apotal ont pesé à hauteur de 21,4 millions.

De plus, Zur Rose a provisionné 13,7 millions de francs suisses suite à un jugement rendu dans le cadre d'une procédure relative à l'impôt sur le chiffre d'affaires en lien avec les bonus accordés sur les médicaments soumis à ordonnances. Ajusté de l'ensemble de ces éléments exceptionnels, l'Ebitda a cependant atteint le seuil de rentabilité.

Pire qu'attendu

Déjà dévoilé il y a quelques semaines, le chiffre d'affaires s'est hissé à 1,75 milliard de francs suisses, 14,4% de plus qu'en 2019. Ce montant comprend les contributions de Medpex et Apotal. Zur Rose note avoir bénéficié de la poursuite de la dynamique de croissance sur tous les segments du marché. Le nombre de clients a progressé de plus moitié à 10,5 millions.

Les pertes du groupe de Suisse orientale se sont révélées bien plus lourdes qu'attendu. Les analystes consultés par AWP avaient anticipé des débours de 45,3 millions de francs suisses pour l'Ebitda, de 79,8 millions pour l'Ebit et de 92,6 millions pour le résultat net.

Evoquant l'année en cours, Zur Rose anticipe une progression des revenus de près de 20%. En matière de rentabilité, le groupe thurgovien se montre nettement moins précis, indiquant seulement tabler sur un Ebitda à l'équilibre à fin 2022 au plus tôt, voire à la mi-2023.

Au vu des opportunités qui existent sur le marché, Zur Rose doit poursuivre ses investisssments, a expliqué en conférence téléphonique le directeur général de Zur Rose, Walter Oberhänsli. Et le responsable de ne pas souhaiter chiffrer le niveau de la perte Ebitda attendue cette année, l'entreprise devant conserver toute sa flexibilité.

A moyen terme, les revenus sont désormais attendus à 4 milliards de francs suisses, contre 3 milliards jusqu'alors. La marge Ebitda devrait quant à elle approcher les 8%.

Les investisseurs ont sanctionné cette performance, d'autant plus que le retour à l'équilibre, et la perspective de dividendes, se fera encore attendre. Vers 15h00, l'action Zur Rose dégringolait de 13,19% à 352 francs suisses, l'indice SPI gagnant dans le même temps 0,87%.

Zur Rose entend poursuivre sa transformation en un prestataire européen de médicaments et services de santé numérique, en particulier sous la marque DocMorris. Cette mue, dont la mise en oeuvre a débuté avec le mandat obtenu en coopération avec IBM en Allemagne dans le cadre de l'adoption de l'ordonnance médicale électronique, doit aussi se développer par l'entremise d'autres collaborations.

En Suisse, Zur Rose prévoit de nouvelles étapes dans son travail avec Medbase, une filiale de Migros, à la faveur notamment de l'ouverture de nouvelles pharmacies intégrées aux magasins du numéro un suisse du commerce de détail. Après un premier "shop in shop" à Crissier, dans le canton de Vaud, le groupe veut aussi développer cette activité en Suisse romande.

Zur Rose fait en outre part d'un changement à venir au sein de son conseil d'administration. Lors de la prochaine assemblée générale du 29 avril prochain, Tobias Hartmann renoncera à solliciter un nouveau mandat d'administrateur. Andréa Belliger, rectrice de la Haute école pédagogique de Suisse centrale et directrice de l'Institut de communication et de leadership IKF à Lucerne est désignée à la succession.

vj/nj/ck