Zurich (awp) - Zurich Insurance a avalé d'un trait une potion bien amère, comptabilisant l'entier des coûts du coronavirus, estimés à 750 millions de dollars (806 millions de francs suisses), au premier semestre. Le géant de l'assurance a clairement flanché, sans perdre l'équilibre. Les objectifs sont confirmés.

Le directeur général Mario Greco a qualifié jeudi cette première partie d'année de "période sans précédent" avec des "événements imprévisibles" au rang desquels figurent la pandémie de Covid, des troubles politiques et un taux plus élevé de catastrophes qu'à l'accoutumée.

"Nos activités se sont bien développées au cours des six premiers mois de l'année en dépit des incertitudes", a assuré le patron du groupe, cité dans un communiqué. Le groupe avait articulé en mai le chiffre de 750 millions de dollars pour les coûts du coronavirus.

Le bénéfice d'exploitation (BOP) du géant zurichois de l'assurance a fondu de 40% en rythme annuel à 1,70 milliard de dollars, selon un communiqué. Le coronavirus a affecté cet indicateur à hauteur de 686 millions. L'impact de la crise sur les marchés financiers a également pesé.

Dans l'assurance dommages (P&C), le ratio combiné, qui mesure le rapport entre les charges de sinistres ainsi que les frais généraux d'une part et les primes d'autre part, s'est détérioré de 4,7 points de pourcentage à 99,8%. Il est resté cependant sous la barre fatidique des 100%.

Les primes brutes de l'unité P&C ont progressé de 2% à 18,94 millions de dollars, portées par les clients commerciaux dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique. La croissance ajustée des fluctuations de change s'est élevée à 4%. Zurich a pu conclure des hausses de prix de l'ordre de 8%. Malgré cela, la rentabilité - mesurée au BOP - a chuté de 55%.

Capitalisation renforcée

Dans leurs commentaires, les analystes se réjouissent de la dynamique positive de Zurich en termes de tarification. Les hausses de prix de 8% obtenues devraient largement couvrir l'inflation des remboursements d'ici la fin de l'année, selon la banque d'investissement Jefferies.

L'assurance vie a été frappée de plein fouet par le coronavirus, avec un impact de 123 millions de dollars. Tous les indicateurs s'inscrivent à la baisse, dont les primes encaissées, de 13,00 milliards (-28% ou -3% apuré des effets de change).

L'assureur mutualiste américain Farmers tire également la langue, avec des primes brutes en recul, un ratio combiné détérioré et un BOP amputé de 10%. Selon Zurich, cette contreperformance s'explique par des remboursements consentis à hauteur de 300 millions.

Le bénéfice net groupe s'est inscrit à 1,18 milliard de dollars, un plongeon de 42% sur un an.

Sur les six premiers mois de l'année, les fonds propres ont reculé de 5,2% à 33,19 milliards de dollars.

Les chiffres dévoilés par Zurich Insurance sont mitigés, quoiqu'assez proches des prévisions. Le BOP et le bénéfice net manquent de peu le consensus, le ratio combiné est légèrement meilleur, tandis que les fonds propres décoiffent les attentes les plus optimistes des analystes, plutôt impressionnés par la capitalisation du groupe.

La direction a confirmé ses objectifs jusqu'en 2022, avec un rendement des fonds propres attendu au-dessus de 14%.

La politique de rémunération des actionnaires annoncée l'automne dernier reste en vigueur, avec une distribution des bénéfices à hauteur de 75%, a assuré le directeur financier George Quinn en entretien avec AWP. "Nos prévisions ne prennent pas en compte le fardeau que pourrait représenter une deuxième vague de coronavirus", a-t-il cependant prévenu.

Lors d'une conférence, Mario Greco a affirmé que la récente explosion à Beyrouth n'allait pas conduire à des coûts élevés pour l'assureur zurichois.

Les investisseurs semblaient rester sur leurs gardes face à cette série de chiffres. A 11h54, le titre Zurich perdait 1,9% à 347,80, dans un SMI à peine dans le vert (+0,09%).

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