Paris (awp/afp) - Les investisseurs sont prudents vendredi, attendant de savoir si les Etats-Unis arriveront à éviter un "shutdown", une paralysie partielle de l'administration du pays, dans un marché marqué par les multiples déclarations et revirements de Donald Trump sur les droits de douanes.

La perspective que les États-Unis "puissent éviter un shutdown renforce le sentiment du marché", commente Patrick Munnelly, analyste de Tickmill Group.

Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, qui avait affirmé mercredi que son camp était uni contre un texte des républicains, qui comprend d'importantes coupes budgétaires voulues par Donald Trump, a finalement annoncé qu'il voterait pour à titre personnel en raison de son inquiétude des conséquences d'un "shutdown".

Une paralysie budgétaire "donnerait à Donald Trump et Elon Musk carte blanche pour détruire des services essentiels de l'Etat à un rythme bien plus élevé qu'actuellement", a-t-il déclaré depuis l'hémicycle.

Car dans ces situations de "shutdown", la Maison Blanche "aurait l'entière autorité de considérer des agences entières, des programmes, et du personnel, comme non-essentiels, mettant des effectifs au chômage technique sans aucune promesse d'être réembauchés", a estimé Chuck Schumer.

En Europe, la Bourse de Londres prenait 0,34%, Paris 0,57% et Francfort 0,33%, vers 09h40.

Tous les principaux indices boursiers du Vieux continent se dirigent toutefois vers un bilan hebdomadaire négatif. La stratégique de "réduction du risque dans les portefeuilles semblent être partie pour durer et emporte les marchés européens", commentent les analystes de Natixis.

L'once du métal jaune s'échangeait à 2.989,35 dollars, frôlant le seuil des 3.000 dollars l'once d'or, soit 31,10 grammes. Sur le semaine, cette valeur refuge a gagné plus de 2,8% à ce stade.

Le dollar se maintient à des niveaux jugés élevés par rapport à l'euro, à 1,0851 dollar pour un euro (+0,03%).

"Après le Canada et le Mexique, la nouvelle administration américaine fait monter la pression sur l'Union européenne", poursuivent les analystes de Natixis.

Donald Trump a menacé jeudi la France et l'Union européenne (UE) d'imposer des droits de douane de 200% sur leurs champagnes, vins et autres alcools si les tarifs douaniers de 50% annoncés par Bruxelles sur le whisky américain n'étaient pas abandonnés.

"Le risque que la spirale ne dégénère et n'excède la simple stratégie de négociation de la part de Trump est pris au sérieux" sur les indices boursiers "qui s'enfoncent un peu plus dans la correction", poursuit-on chez Natixis.

La veille à Wall Street, l'indice élargi S&P 500, en lâchant 1,39% à la clôture, est entré en "zone de correction", c'est-à-dire qu'il a perdu 10% depuis son plus haut de l'année atteint le 19 février.

"Pour soutenir le sentiment de marché en Europe, ne reste plus que l'approbation par les Verts en Allemagne du plan infrastructure du futur chancelier Friedrich Merz. Une approbation qui se fait attendre et dont l'absence avant la fin de la session de l'assemblée parlementaire achèverait de plomber définitivement l'ambiance sur les marchés", ajoutent les analystes de Natixis.

Les places chinoises ont été quant à elles aussi soutenues vendredi par un regain d'optimisme sur de nouvelles mesures de soutien de Pékin face à l'exacerbation des tensions commerciales avec les Etats-Unis. La Bourse de Hong Kong bondissait de 2,12%, Shenzhen est montée fortement de 2,26%, tout comme Shanghai qui a gagné 1,81%

BMW déçoit

Le constructeur automobile allemand BMW (-2,48% à Francfort) a publié un bénéfice net annuel en chute de plus d'un tiers, plombé par ses ventes en Chine, son plus gros marché.

Kering dégringole

L'action du groupe de luxe Kering chutait de plus de 10% à Paris, après que le groupe a annoncé la nomination du géorgien Demna comme nouveau créateur artistique de Gucci, la marque-phare de Kering, en difficulté.

Le pétrole en hausse

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 0,86% à 70,48 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, gagnait 0,99% à 67,21 dollars.

Le bitcoin reculait de 2,35% à 82'318 dollars.

afp/rr