Bien que le Congrès semblait disposé, en début d'année, à adopter pour la première fois une législation régissant les actifs numériques, les démocrates sont de plus en plus frustrés par la promotion par le républicain Donald Trump et les membres de sa famille de leurs projets personnels dans le domaine des cryptomonnaies.
L'opposition de la représentante Maxine Waters à une audition conjointe prévue mardi a effectivement annulé les travaux de la commission des services financiers et de la commission de l'agriculture de la Chambre des représentants, qui devaient discuter de la création d'un nouveau régime juridique pour les cryptomonnaies. Les projets de M. Trump dans le domaine des cryptomonnaies comprennent une cryptomonnaie appelée « $Trump », lancée en janvier, et une entreprise appelée World Liberty Financial, une société de cryptomonnaie détenue en partie par le président. Sur les réseaux sociaux, Trump a fait la promotion d'un dîner privé prévu à la fin du mois pour les principaux détenteurs de sa cryptomonnaie, ainsi que d'une « visite VIP spéciale » réservée à quelques investisseurs triés sur le volet. Ces initiatives commerciales ont suscité les critiques des experts en éthique gouvernementale et des opposants politiques, qui craignent des conflits d'intérêts, d'autant plus que Trump a courtisé l'industrie des cryptomonnaies pendant sa campagne électorale et s'est engagé à réformer la réglementation du secteur.
Ils ont également remis en question d'autres mesures législatives relatives aux cryptomonnaies prévues cette année, certains parlementaires ayant exprimé leur inquiétude quant à des conflits d'intérêts.
« Je ne peux en toute bonne foi accepter une telle audition pour discuter de la structure du marché des cryptomonnaies alors que les républicains refusent de mettre fin ou même de reconnaître l'abus de pouvoir de Trump », a déclaré Mme Waters dans un communiqué avant l'audience prévue.
Le représentant French Hill, président républicain de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, a déclaré que l'opposition de Mme Waters à l'audience de mardi « avait introduit la partisanerie dans ce qui a toujours été une relation bipartisane solide, bonne et efficace ».
Dans un communiqué, Anna Kelly, attachée de presse adjointe de la Maison Blanche, a déclaré qu'il n'y avait aucun conflit d'intérêts et que les actifs de Trump étaient placés dans un trust géré par ses enfants.
« Le président Trump est déterminé à faire des États-Unis la capitale mondiale de la cryptomonnaie et à révolutionner notre technologie financière numérique », a-t-elle déclaré. Néanmoins, les arrangements de Trump en matière de cryptomonnaie menacent de faire dérailler une législation que les analystes et les lobbyistes considéraient comme presque certaine d'être adoptée cette année. Le Congrès débat également d'un projet de loi visant à créer un cadre réglementaire pour les stablecoins, un type de cryptomonnaie conçu pour maintenir une valeur constante, généralement indexée sur le dollar à parité 1:1. Les sénateurs démocrates ont exprimé leurs inquiétudes concernant ce projet de loi, en particulier après que World Liberty Financial a annoncé la semaine dernière que sa stablecoin serait utilisée par une société d'investissement d'Abu Dhabi pour son investissement de 2 milliards de dollars dans la crypto-bourse Binance.
La Maison Blanche souhaite que ce projet de loi soit adopté par le Sénat d'ici la semaine prochaine, selon une source proche des discussions. Cependant, certains démocrates ont déclaré samedi que les républicains n'avaient pas réussi à négocier des dispositions plus strictes concernant les stablecoins étrangers et les mesures de lutte contre le blanchiment d'argent, et qu'ils ne seraient pas en mesure de soutenir le projet de loi dans sa forme actuelle.
Le projet de loi sur les stablecoins pourrait encore être adopté par le Sénat, où les républicains sont majoritaires, mais il pourrait constituer un revers pour le secteur des cryptomonnaies, qui a tenté de présenter la réglementation des actifs numériques comme une question bipartisane. (Reportage de Hannah Lang à New York ; édité par Pete Schroeder et Matthew Lewis)
