Bloc 1 : Les actualités essentielles

Bitcoin fait son entrée chez JPMorgan : un virage stratégique inattendu

Jamie Dimon s'incline (presque) face à bitcoin. JPMorgan va désormais permettre à ses clients d'acheter du BTC, un tournant majeur pour une banque longtemps hostile à l'univers crypto. Si la banque ne propose pas de service de conservation, elle affichera bien les positions en BTC dans les relevés clients. Le PDG maintient sa position personnelle — « je n'aime pas Bitcoin » — mais reconnaît la demande croissante de ses clients. Ce revirement intervient alors que le BTC flirte avec les 105 000 dollars. JPMorgan rejoint Morgan Stanley, Standard Chartered ou encore Fidelity dans le camp des banques qui mettent désormais sur les cryptos. Une étape de plus vers la normalisation de Bitcoin dans la finance traditionnelle.

BlackRock entre dans la DeFi avec son fonds BUIDL tokenisé sur Avalanche

C'est une avancée majeure pour la finance décentralisée (DeFi) : le fonds monétaire tokenisé BUIDL de BlackRock débarque sur la DeFi. Grâce à Securitize, une version ERC-20 - standard technique sur Ethereum -  baptisée sBUIDL a été lancée sur le protocole Euler via Avalanche. Elle permet aux investisseurs d'utiliser ce jeton comme collatéral tout en continu de percevoir les rendements du fonds traditionnel. Ce pont entre actifs du monde réel (RWA) et applications décentralisées ouvre la voie à une adoption institutionnelle plus large. Capitalisé à près de 2,87 milliards de dollars, BUIDL est désormais compatible avec 7 blockchains, bien qu'il reste réservé aux investisseurs qualifiés (ticket d'entrée : 5 millions de dollars). Une première incursion de BlackRock dans la DeFi, avec un potentiel de transformation du secteur.

Nouveau record pour le bitcoin

Le bitcoin a battu mercredi son plus haut historique, atteignant 109 500 dollars, surpassant son précédent record de janvier dernier (108 786 dollars). Le bitcoin évolue désormais au-dessus des 111 000 dollars. 

Les ETF spot, lancés début 2024 par des géants comme BlackRock et Fidelity, continuent d'attirer massivement les capitaux : 55 milliards de dollars d'actifs sous gestion, selon Bloomberg Intelligence. Mais la tendance va bien au-delà du marché. Le climat politique aux États-Unis est devenu un puissant catalyseur :

  • Lundi, le Sénat a présenté un projet de loi pour encadrer les stablecoins, donnant un cadre juridique aux cryptomonnaies indexées sur le dollar, comme l'USDC ou l'USDT.

  • Mardi, la Chambre des représentants du Texas a voté en faveur d'un texte visant à créer une réserve stratégique de bitcoins, qui attend encore la signature du gouverneur Greg Abbott.

Si ces mesures ne concernent pas directement le bitcoin dans sa nature décentralisée, elles envoient un signal fort aux marchés : les cryptomonnaies entrent dans une ère de normalisation, dans laquelle les États eux-mêmes envisagent de les intégrer à leurs stratégies économiques. Enfin, côté entreprises, l'effet d'entraînement se poursuit : plus de 95 000 BTC ont été acquis par des sociétés cotées au 1er trimestre, selon CoinGecko. À elles seules, elles détiennent désormais environ 688 000 bitcoins, renforçant encore la rareté de l'actif.

Stablecoins : Ethereum bat des records, l'adoption explose

Avec plus de 908 milliards de dollars de volume en avril, Ethereum confirme sa position de leader incontesté pour les transferts de stablecoins. Malgré la montée de Solana ou Tron, le réseau reste au cœur de l'écosystème grâce à USDC (Circle), DAI ou encore USDS, plébiscités pour leur sécurité, leur compatibilité avec la DeFi et leur adoption par les entreprises. Des géants comme Stripe, Meta, ou encore Coinbase accélèrent l'intégration des stablecoins dans leurs services. Et ce phénomène dépasse le cadre crypto : en Amérique latine, 71 % des entreprises les utilisent déjà pour les paiements transfrontaliers.

Bloc 2 : L'Analyse Cryptique de la semaine

ETF Ether et staking institutionnel : les institutions peuvent-elles façonner l'avenir d'Ethereum ? Le staking (ou jalonnement en français) est devenu le cœur battant d'Ethereum, un enjeu désormais crucial pour l'évolution de la blockchain. 

Pour rappel, le staking sur Ethereum est devenu l'un des piliers du fonctionnement du réseau depuis son passage à la preuve d'enjeu (Proof-of-Stake) en 2022. Concrètement, il s'agit de verrouiller des ethers (ETH) pour participer à la validation des transactions et à la sécurité de la blockchain. En contrepartie, les utilisateurs perçoivent une récompense annuelle, comparable à un rendement, généralement comprise entre 3% et 5%. Cette démarche ne nécessite pas de compétences techniques : de nombreuses plateformes permettent de parier ses ETH en quelques clics, même avec de faibles montants. Le staking s'apparente ainsi à un placement passif, avec un risque modéré lié à la disponibilité de l'ETH. Il séduit de plus en plus d'investisseurs particuliers à la recherche de revenus complémentaires en crypto. C'est donc à la fois un acte technique utile et un placement passif.

Avec près de 27% des ETH actuellement immobilisés dans des opérations de staking, l'arrivée massive des fonds institutionnels via les ETF pourrait transformer radicalement l'équilibre du réseau. Détenant déjà environ 3,3 millions d'ETH, soit 3% de l'offre en circulation, les ETF pourraient à eux seuls propulser le montant total d'ETH mis en jeu de plus de 10%. À ces chiffres déjà vertigineux s'ajoutaient de nouveaux flux de capitaux attirés par la promesse séduisante des rendements passifs.

Où est-ce que les ETH sont stockés ? 
CoinDesk

Mais derrière cette perspective alléchante se dessine un défi majeur : comment ces ETF choisiront-ils d'opérer leur staking ? Si les régulateurs valident le jalonnement des ETF ETH, deux scénarios pourraient rapidement s'imposer. Le premier, le plus simple mais présentant le plus risqué, serait celui d'un jalonnement externalisé à une poignée d'opérateurs tiers ou de dépositaires centralisés. Le marché du staking est actuellement dominé par le Lido, qui contrôle déjà plus de 30 % des ETH immobilisés, même si le réseau communautaire lancé récemment implique plus de 500 opérateurs différents. Si des milliards d'ETH institutionnels s'affluent ultérieurement vers quelques acteurs centralisés, Ethereum pourrait dangereusement glisser vers un oligopole de validateurs, menaçant la décentralisation du réseau.

Mais tout n'est pas écrit d'avance. Une autre voie, plus audacieuse et prometteuse, se présente aux émetteurs d'ETF : celle de l'intégration verticale, avec la gestion directe de leurs propres nœuds de validation. Cette approche permet non seulement de préserver la décentralisation du réseau, mais aussi de capturer la marge économique actuellement détenue par les opérateurs de staking, qui prélèvent traditionnellement entre 5% et 15% des récompenses. En internalisant cette activité ou en s'associant à des fournisseurs indépendants, les gestionnaires d'ETF pourraient ainsi optimiser significativement les performances financières de leurs fonds.

Cette stratégie de prise de contrôle direct n'est pas théorique : elle est déjà à l'œuvre. L'acquisition d'un opérateur de staking par Bitwise constitue un signal fort, révélateur de l'ambition des gestionnaires d'actifs de repositionner le staking non plus comme un simple service auxiliaire, mais comme un élément central et différenciant de leur offre. Dans un marché ultra-concurrentiel où chaque point de base compte, cette capacité à internaliser la gestion du staking pourrait devenir un avantage décisif.

Ce choix stratégique dessine une véritable bifurcation pour Ethereum. D'un côté, le scénario « plug-and-play », où les institutions optent pour la facilité en concentrant leurs opérations de staking chez quelques opérateurs de confiance, au risque de créer des points de centralisation critiques. De l'autre, un modèle plus vertueux, où les gestionnaires d'ETF s'engagent activement dans la gouvernance décentralisée du réseau, renforçant ainsi la robustesse et la crédibilité d'Ethereum sur le long terme.

L'enjeu est clair : les institutions peuvent soit fragiliser Ethereum par commodité, soit en renforcer les fondations en embrassant pleinement leur rôle dans l'écosystème blockchain. Le choix qu'elles feront aura des conséquences durables sur l'avenir même de la blockchain.

Palmarès des cryptomonnaies
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Zonebourse

Bloc 4 : Cours de la semaine

Un milliard de flux et aucun fan : A l'intérieur d'une affaire de fraude musicale à l'IA d'une valeur de 10 millions de dollars ( Wired, en anglais)

Les secrets des plus grands experts mondiaux en matière de confidentialité (The Atlantic, en anglais)

Les NFT dans le sport : ce qu'il faut savoir sur les dangers de la fraude et de la contrefaçon (The Conversation, en anglais)