L'impact à long terme des secteurs sur la valeur 

Le leader de la gestion d'indices MSCI a réalisé une étude sur l'impact de l'allocation sectorielle sur les stratégies de valeur. Ils ont pris trois versions hypothétiques distinctes d'une stratégie de valeur. Le premier portefeuille (« indépendant du secteur ») détient des entreprises « bon marché » quel que soit le secteur. Le second (« relatif au secteur ») regroupe les entreprises qui sont bon marché par rapport à leur propre secteur. Et le troisième (« relatif au secteur et neutre ») détient des entreprises qui sont bon marché par rapport à leur secteur, tout en préservant les pondérations sectorielles du marché au sens large. 

L'approche indépendante du secteur s'est traduite par une forte surpondération des financières et de l'énergie. La flambée des prix du pétrole cette année a entraîné une performance élevée à court terme, mais à plus long terme, cette approche a sous-performé en partie en raison de sa composition sectorielle (et industrielle). La concentration au sein des secteurs a entraîné une erreur de suivi plus élevée, des prélèvements plus importants et une part plus élevée de “pièges à valeur” de qualité inférieure. 

La seconde approche sectorielle a atténué bon nombre de ces effets, mais a tout de même entraîné d'importantes inclinaisons sectorielles. En revanche, nous avons constaté que l'application de la neutralité sectorielle et de la relativité (comme cela a été fait dans l'approche sectorielle et neutre), a dérivé la prime de valeur sans assumer les risques démesurés présents dans les autres approches.

Laisser les secteurs sans contrainte a causé de grandes déviations 

Pondérations sectorielles moyennes mensuelles sur la période de décembre 2000 à mai 2022 :

Source : MSCI 

Comme vous pouvez le voir, les secteurs de la finance et de l’énergie sont fortement surpondérés dans le cadre d’une stratégie value indépendante des secteurs. En effet, ces secteurs regorgent de ces valeurs value à juste titre pour leur manque de visibilité le plus souvent ainsi qu’une faible récurrence des résultats, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous : 


Source : Yardeni

Il existe ainsi de nombreuses fausses bonnes idées (value trap) dans ces secteurs puisque les entreprises du secteur de l’énergie et de la finance ont plus de chance d’avertir sur leurs résultats et de décevoir lors des publications. 


Source : Yardeni

Ces erreurs de valorisation entraînent des réajustements de valorisation et donc des réajustements de cours, plus importants même à moyen-long terme. Il en résulte des coefficient de linéarité plus faible pour les secteurs de l’énergie et de la finance. 

Source : Yardeni

Stratégies de valeur hypothétiques par rapport à l'indice MSCI USA 

Rendements bruts annualisés en USD du 29 décembre 2000 au 31 mai 2022 : 

Source : MSCI 

Ainsi, si nous avons une approche value de type “best in universe” sans regarder les secteurs, nous sous-performons l’indice de référence avec un risque plus élevé. Au contraire, si nous sélectionnons les entreprises les moins chères par rapport à leur secteur et que nous conservons la même allocation sectorielle que le benchmark (MSCI USA), nous surperformons de 1% l’indice avec un risque équivalent. 

Retrouvez une liste de valeurs décotées en cliquant sur ce lien

En bref 

Si vous devez retenir une chose, ne vous jetez pas sur les actions les moins chères juste en regardant leur PER et sans regarder ce qui explique cette valorisation. Bien souvent, des pans entiers d’activités sont sous-valorisés, depuis longue date et pour de bonnes raisons : que cela soit parce qu'il offre moins de visibilité, moins de récurrence de résultat, que les perspectives futures sont moins florissantes ou encore parce qu’il est très capitalistique. Il y a souvent une explication à cette apparence “bon marché”.