La crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus menace de nombreuses entreprises, en particulier dans les pays les plus touchés comme l'Italie, de ne plus figurer dans la catégorie "investissement" des agences de notation.

Cela signifie que les banques ne pourraient plus utiliser leurs actifs pour se financer elles-mêmes auprès de la BCE, tout en aggravant pour ces entreprises une hausse de leurs coûts d'emprunt.

Après une réunion extraordinaire de son conseil des gouverneurs, la BCE a précisé mercredi qu'elle appliquerait à chaque actif sa note du crédit à la date du 7 avril afin que les banques puissent continuer à les utiliser, à condition que la note reste dans la partie supérieure de la catégorie non investissement, soit deux crans dans la catégorie "spéculative".

"Ces mesures visent à garantir que les banques disposent de suffisamment d'actifs susceptibles d'être mobilisés comme collatéraux au sein de l'Eurosystème pour participer aux opérations d'approvisionnement en liquidités et pour continuer à fournir des financements à l'économie de la zone euro", a dit la BCE.

Cette mesure va probablement être interprétée par certains investisseurs comme un premier pas effectué par la BCE vers l'achat d'obligations notées en catégorie spéculative dans le cadre de son programme exceptionnel de 1.100 milliards d'euros, à l'image de ce que fait la Réserve fédérale américaine.

L'institut de Francfort laisse d'ailleurs la porte ouverte à d'autres initiatives.

"La BCE pourrait décider, si et lorsque nécessaire, de prendre des mesures supplémentaires pour atténuer davantage l'impact des dégradations de notation, particulièrement avec l'objectif d'assurer la transmission fluide de sa politique monétaire dans toutes les juridictions de la zone euro", dit-elle.

Dans le cadre de ses opérations de financement très bon marché, la BCE prête actuellement aux banques à des taux pouvant descendre jusqu'à -0,75%, accordant des rabais aux établissements distribuant ensuite ces fonds comme crédits à des entreprises.

(Balazs Koranyi et Francesco Canepa; version française Bertrand Boucey)