Bruxelles (awp/afp) - Attendue en baisse, l'inflation dans la zone euro est restée stable en avril, au-dessus de l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne (BCE), un revers qui ne devrait toutefois pas remettre en cause le mouvement de baisse des taux d'intérêt.
La hausse des prix à la consommation a atteint 2,2% sur un an le mois dernier dans les 20 pays partageant la monnaie unique, exactement comme en mars, malgré une accélération de la baisse des prix de l'énergie, a annoncé Eurostat vendredi.
Mais l'inflation sous-jacente - corrigée des prix volatils de l'énergie et de l'alimentation -, indicateur qui fait référence pour les experts et la BCE, s'est accélérée à 2,7%, après 2,4% en mars, faisant nettement moins bien que prévu.
Les analystes de Factset et Bloomberg tablaient en moyenne sur une hausse des prix à la consommation un peu moindre, à 2,1%, et une inflation sous-jacente à 2,5%.
La mauvaise nouvelle est venue des services, dont les tarifs ont augmenté de 3,9% sur un an en avril, après 3,5% le mois précédent.
Ce secteur à fort contenu de main-d'oeuvre est très surveillé par la BCE car les prix y sont fortement corrélés à l'évolution des salaires. Or, l'institution monétaire redoute un cercle vicieux entre flambée des salaires et des prix qui compliquerait la lutte contre l'inflation.
L'accélération des tarifs dans les services et la progression de l'indicateur sous-jacent "rappelleront à la BCE les risques de hausse de l'inflation", a commenté Hugh Lind pour le Centre for Economics and Business Research (Cebr).
"Pas d'inquiétude"
"Néanmoins, nous nous attendons à ce qu'elle continue de réduire ses taux", a-t-il ajouté, soulignant les incertitudes pesant sur la croissance économique en Europe dans un contexte de tensions commerciales avec les Etats-Unis.
Cet avis est partagé par Riccardo Marcelli Fabiani d'Oxford Economics. Selon lui, la déception d'avril est "de nature temporaire" et "ne doit pas susciter l'inquiétude". Il estime donc "probable" une nouvelle baisse des taux de la BCE lors de sa prochaine réunion de politique monétaire le 5 juin.
Globalement, dans les 20 pays partageant la monnaie unique, l'inflation s'est très nettement calmée depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, dans le contexte d'une flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine.
Elle s'est rapprochée de la cible de 2% visée par la BCE qui veille à la stabilité des prix.
Depuis juin 2024, cette évolution favorable a permis à l'institution basée à Francfort d'abaisser ses taux d'intérêt à sept reprises, inversant un cycle de resserrement monétaire amorcé deux ans plus tôt pour endiguer la flambée des prix.
L'inflation était tombée en septembre à son niveau le plus bas en trois ans et demi, à 1,7% en glissement annuel, mais s'est maintenue depuis octobre au-dessus de 2%.
Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, s'est dit confiant lundi dans la poursuite de la trajectoire baissière, malgré les tensions commerciales liées aux droits de douane du président américain Donald Trump.
Outre l'accélération dans les services, les prix ont progressé de 3% en avril dans le secteur alimentaire (après 2,9% en mars). La hausse des tarifs de biens industriels s'est elle maintenue à 0,6% sur un an, tandis que la baisse des prix de l'énergie s'est accélérée: -3,5%, après -1% en mars.
afp/ck