Washington (awp/afp) - A deux semaines de la prochaine réunion de la banque centrale américaine (Fed), l'hypothèse d'une pause dans les hausses de taux refait surface, malgré une inflation toujours très élevée, afin de laisser aux 10 relèvements précédents le temps de faire effet.

Une pause lors de la prochaine réunion, les 13 et 14 juin, "permettrait au comité d'observer plus de données avant de prendre des décisions sur l'ampleur" des hausses encore nécessaires, a déclaré mercredi l'un des gouverneurs de la Fed, Philip Jefferson.

Pour autant, les taux pourraient, si nécessaire, reprendre leur ascension lors des réunions suivantes, a souligné celui qui devrait prendre la vice-présidence de l'institution, après avoir été choisi par Joe Biden, et dans l'attente de sa confirmation par le Sénat.

La Fed, depuis mars 2022, a relevé ses taux directeurs à 10 reprises. Compris dans la fourchette de 0 à 0,25% pendant la pandémie, ils se trouvent désormais compris entre 5,00 et 5,25%.

Cela conduit les banques à rehausser le coût des crédits qu'elles proposent aux ménages et aux entreprises, afin de desserrer la pression sur les prix.

Les anticipations des marchés, elles, jouent au yo-yo: deux tiers des acteurs tablent désormais sur une pause en juin, contre un tiers seulement mardi, mais deux tiers les semaines précédentes, selon l'évaluation de CME Group.

Pause ou 11e hausse ? ___

Le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, s'est lui aussi montré favorable mercredi à un maintien des taux à leur niveau lors de la prochaine réunion.

"Je suis de plus en plus dans le camp montant de ceux qui pensent que nous devons éviter la hausse lors de cette réunion", a dit le responsable de cette antenne régionale, lors d'une conférence organisée par le NABE (National association for business economics).

"Nous devons arriver à un point où nous avons une politique où nous pensons qu'elle est restrictive, et je pense que nous sommes proches, sinon à ce point en ce moment. Et donc je pense que nous pouvons prendre un peu de temps", a-t-il détaillé.

Ce responsable, qui dispose en 2023 du droit de vote tournant au sein du comité de politique monétaire -- instance de décision de la Fed --, a cependant lui aussi mis en garde sur le fait qu'une pause en juin pourrait être suivie par de nouvelles hausses.

Une pause permettrait de prendre le temps d'observer les effets sur la consommation et les prix des 10 hausses déjà effectuées, ainsi que de la récente crise bancaire, qui a elle aussi compliqué l'accès des ménages et des entreprises au crédit, et pourrait agir comme un relèvement des taux.

"Embauche plus facile" ___

Car le risque d'un trop fort resserrement est de glisser dans une récession. Les deux responsables pensent toutefois que l'économie américaine devrait rester en croissance.

L'inflation, pourtant, est repartie à la hausse en avril, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, à 4,4%, contre 4,2% sur un an, et 0,4% contre 0,1% sur un mois.

Une autre mesure, l'indice CPI, a ralenti sur un an, à 4,9%, mais a accéléré sur un mois, à 0,4%. Les données de mai seront publiées le 13 juin, au premier jour de la réunion de la Fed.

Pour prendre leur décision, les responsables de la Réserve fédérale regarderont de près les chiffres de l'emploi en mai, publiés vendredi.

Le taux de chômage est attendu en très légère hausse, à 3,5% contre 3,4% en avril, avec des créations d'emplois moins nombreuses (188.000 contre 253.000).

Une enquête de la Fed, publiée mercredi, a montré que les employeurs aux Etats-Unis, qui font face depuis plus de deux ans à une pénurie de main d'oeuvre, ont toujours "des difficultés à trouver des travailleurs dans un large éventail de niveaux de compétence et de secteurs économiques".

Mais ils constatent "une embauche plus facile dans la construction, le transport et la finance", selon ce "Beige Book" (Livre Beige), un baromètre d'activité.

afp/rp