Bien qu’elle parût reprendre les rênes après la promulgation de la loi sur le Brexit, Theresa May doit de nouveau affronter une vague de démissions au sein de son gouvernement, illustrant une fois encore la fracture qui gangrène sa propre famille politique depuis le vote du 23 juin 2016.

Fervent soutien d'une rupture franche avec l'UE, David Davis, ministre en charge du Brexit, a d’abord claqué la porte du gouvernement, pour exprimer son désaccord quant à la possibilité d'une émancipation en douceur du Royaume-Uni. En fin de semaine dernière, Theresa May avait en effet obtenu l’accord du gouvernement quant au projet d’une zone de libre-échange avec l’UE qu’elle compte désormais soumettre à Bruxelles. Celui qui refuse d’être un « conscrit réticent » fut rapidement imité par deux de ses cinq secrétaires d’Etat puis par Boris Johnson, ministre des Affaires Etrangères, lequel avait ouvertement mené campagne en faveur d’une sortie de l’UE à l’époque des débats autour du référendum.

Theresa May avait pourtant remporté fin juin une victoire importante à l'intérieur du pays en faisant finalement promulguer la loi sur le Brexit, entérinant la sortie définitive du Royaume-Uni en mars prochain, après de longues semaines de débats houleux au Parlement. Malgré les amendements déposés par plusieurs députés europhiles, y compris dans les rangs conservateurs, et par la Chambre des Lords, la Première ministre avait en effet réussi à suffisamment mobiliser ses troupes pour étouffer la fronde en échange d’un accord qui offrira au Parlement un droit de regard sur l’accord final avec Bruxelles.

Dans ce feuilleton sans fin où les rebondissements ne cessent de s’enchainer, la Banque d'Angleterre elle-même pourrait être pénalisée par un manque de visibilité et choisir de différer ses projets de normalisation. Déjà immobiles en mai dernier, à 6 voix contre 3, les argentiers britanniques pourraient de nouveau s’abstenir d’agir au mois d'Août. Au regard des récents propos optimistes de Mark Carney, président charismatique de la BoE, au sujet de l’économie britannique et des attentes des investisseurs autour d’une prochaine hausse de taux, l’évolution du consensus en faveur d’un nouveau statu quo ne manquerait pas de peser de façon significative dans les cours.

Graphiquement, le Sterling semblait pouvoir prendre ses distances avec ses récents points bas annuels dans l'espoir d'un Brexit soft mais les nouvelles turbulences politiques outre-Manche ont tué dans l’œuf le potentiel d’un rebond durable. Dans un contexte incertain qui pourrait forcer la banque centrale à tirer le frein à main, le scénario d’un retour sous 1.30 à moyen terme conserve une sérieuse crédibilité.