WASHINGTON (Reuters) - Les conséquences économiques d'une nouvelle présidence de Donald Trump commencent déjà à se faire sentir alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a indiqué mercredi prévoir un ralentissement du rythme de ses baisses de taux en 2025 et que d'autres grandes banques centrales se montrent prudentes quant à leurs décisions futures en matière de politique monétaire.

La Fed a réduit ses taux comme prévu mercredi dans un calendrier de réunions de banques centrales chargé dans le monde de Francfort à Ottawa en passant par Tokyo et Londres. 

Surtout, les responsables de la Fed ont revu à la baisse leurs prévisions de réduction des taux en 2025 face à une inflation tenace. Le président de l'institution, Jerome Powell, a indiqué que certains responsables essayaient d'évaluer comment les droits de douanes, les baisses d'impôts et les restrictions à l'immigration prévus par Donald Trump pourraient affecter la politique monétaire.

"Certains ont pris une mesure très préliminaire et ont commencé à incorporer des estimations hautement conditionnelles des effets économiques des politiques dans leurs prévisions lors de cette réunion", a détaillé Jerome Powell.

En conséquence, les banquiers centraux américains ont prévu pour l'année prochaine une croissance plus élevée que les estimations précédentes, mais aussi une inflation nettement plus élevée.

En Asie, la Banque du Japon (BoJ) a maintenu des taux d'intérêt très bas jeudi, alors que la menace des politiques du président élu jette une ombre sur l'économie nippone, largement dépendante des exportations.

"Il y a une incertitude sur les politiques de la future administration américaine, nous devons donc examiner l'impact plus attentivement", a déclaré le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, lors d'une conférence de presse.

PRUDENCE AUSSI EN EUROPE

En Europe, la banque centrale de Norvège a maintenu son taux d'intérêt directeur inchangé à 4,50%, son plus haut niveau depuis 16 ans, et a souligné le risque d'une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

"Des droits de douane plus élevés freineront probablement la croissance mondiale, mais les implications pour les perspectives de prix en Norvège sont incertaines", a indiqué la banque.

De son côté, la banque centrale suédoise a réduit jeudi son taux d'intérêt directeur d'un quart de point de pourcentage à 2,50%, comme prévu. Elle a cependant déclaré qu'elle voyait maintenant des raisons d'être plus prudente quant à la réduction des taux au début de 2025.

Avant la décision de la Fed, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Canada ont abaissé la semaine dernière leurs taux d'intérêt et dit prévoir un nouvel assouplissement en 2025 dans un contexte de perspectives économiques moroses.

Si Christine Lagarde, présidente de la BCE, est restée vague quant à de nouvelles baisses de taux, elle n'a pas manqué de souligner les risques de baisse de la croissance, y compris les tensions commerciales potentielles avec les États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

La Banque d'Angleterre (BoE) doit annoncer à son tour jeudi sa décision sur les taux d'intérêt, qui devrait être maintenus inchangés. Après les commentaires de la Fed, les investisseurs ont réduit leurs paris sur le rythme des baisses en 2025 de la BoE.

(Rédigé par Dan Burns et Howard Schneider avec Leika Kihara à Tokyo, version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)