* UE et Grande-Bretagne décident de poursuivre les négociations

* Le Brexit sera effectif dans moins de trois semaines

* Johnson juge probable une absence d'accord

* Pas de percée sur la pêche et la concurrence-sources (Actualisé avec intervention de Barnier lundi devant les ambassadeurs de l'UE)

par Gabriela Baczynska et Costas Pitas

BRUXELLES/LONDRES, 13 décembre (Reuters) - La Grande-Bretagne et l'Union européenne se sont encore donné dimanche un délai supplémentaire pour tenter de parvenir à un accord in extremis sur leurs futures relations, à moins de trois semaines de leur divorce effectif, mais Boris Johnson a souligné que les points de vue de Londres et Bruxelles restaient très éloignés sur certains points essentiels.

Le Premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se sont entendus au cours d'un entretien téléphonique en milieu de journée pour tenter un "effort supplémentaire" alors qu'ils avaient fixé à ce dimanche la limite pour parvenir à un accord.

"Malgré la fatigue après quasiment un an de négociations, malgré le fait que des dates butoirs n'aient pas été respectées les unes après les autres, nous pensons qu'il est responsable à ce stade d'effectuer l'effort supplémentaire", déclarent les deux dirigeants dans un communiqué commun.

Selon des sources européennes, l'UE et la Grande-Bretagne avaient enregistré quelques progrès depuis vendredi dans leurs négociations mais sans aucune avancée décisive sur les droits de pêche et les conditions d'une concurrence équitable, les deux derniers principaux points de blocage.

Le négociateur européen Michel Barnier informera les ambassadeurs de l'Union de l'état des discussions lundi à 08h30, a annoncé dimanche Sebastian Fischer, porte-parole de la présidence allemande de l'UE.

S'adressant à la presse après la publication de son communiqué commun avec Ursula von der Leyen, Boris Johnson a déclaré que Londres et Bruxelles allaient certes continuer à négocier mais que la Grande-Bretagne resterait inflexible sur ses "lignes rouges".

"Je crains que nous ne soyons encore très éloignés sur certaines choses essentielles, mais tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir", a-t-il dit, ajoutant que "la chose la plus probable maintenant" était une absence d'accord.

VON DER LEYEN À PARIS

La Grande-Bretagne a officiellement quitté l'UE en janvier dernier mais une période de transition court jusqu'au 31 décembre avant sa sortie effective. Ce délai est censé permettre de définir le cadre de leurs futures relations mais des mois de négociations n'ont toujours pas permis d'aboutir, faisant craindre aux milieux économiques un Brexit désordonné source de chaos, notamment dans les ports britanniques, avec des problèmes d'approvisionnement du pays.

"Chaque occasion de conclure un accord est fortement bienvenue", a dit la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin.

Les Vingt-Sept pays membres de l'UE devraient publier une réaction commune à la poursuite des négociations. Selon des sources diplomatiques à Bruxelles, ils vont saluer cette décision et s'engager à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour mettre en oeuvre aussi rapidement que possible un éventuel accord.

Ursula von der Leyen doit rencontrer ce dimanche soir Emmanuel Macron à Paris. Cette visite de la présidente de la Commission européenne est prévue de longue date en raison de sa participation lundi aux cérémonies du 60e anniversaire de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mais le Brexit sera évidemment évoqué lors de cet entretien, dit-on à l'Elysée.

La Grande-Bretagne insiste sur le respect de sa souveraineté après le 1er janvier mais les 27 Etats membres de l'UE refusent de leur côté de lui laisser un libre accès au marché unique si elle ne s'aligne pas sur les normes en vigueur au sein du bloc, afin d'éviter une concurrence déloyale.

"La négociation est extrêmement serrée", a déclaré Charles Michel, le président du Conseil européen, sur France Inter, en rappelant que l'UE voulait un "bon accord", mais "coûte que coûte, non".

Charles Michel a en outre invité "chacun à faire preuve de sang-froid" alors que le ministère britannique de la Défense a annoncé que quatre navires patrouilleurs seraient prêts dès le 1er janvier à protéger les zones de pêche britanniques en cas de "no-deal". (Avec Elizabeth Piper à Londres, John Chalmers à Bruxelles, Michel Rose, Richard Lough, Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief à Paris)